Au Venezuela, les cartons font office de lits pour les nouveau-nés à l'hôpital

Dans une maternité du Venezuela, les couveuses ont été remplacées par des boîtes en carton. Nouvelle illustration de l'effondrement de ce pays d'Amérique du Sud.

Pas de couverture ni de matériel médical. Et encore moins de lit pour bébé. Depuis mardi, plusieurs photos montrant des nouveau-nés installés dans des boîtes en carton dans un hôpital vénézuélien ont été relayées sur les réseaux sociaux, rapporte le site Les Observateurs de France 24.

Plusieurs de ces images ont été postées mardi sur Twitter par Manuel Ferreira, un avocat et militant d'une coalition politique anti-chaviste. Il affirme qu'elles lui ont été envoyées par un membre du personnel de la maternité de l'hôpital Guzmán Lander de Las Garzas, une ville en périphérie de Barcelona, dans le nord du pays.

Le même jour, une autre photo de nouveau-nés installés dans des boîtes en carton a été publiée par une journaliste indépendante vénézuélienne. Elle aussi désigne ce même hôpital.

Un chirurgien, José G. Zurbaran, a tout d'abord dénoncé sur Twitter une "attaque médiatique impitoyable" et vivement démenti, comme le rapporte le site de France 24. "Nous affirmons que c'est faux: dans notre hôpital, les enfants ne sont pas placés dans des cartons."

Mais dans une seconde publication, il a finalement reconnu une situation isolée, laissant entendre que les photos ont bel et bien été prises dans son établissement. "Certains utilisent des situations isolées pour attaquer les gens qui jour après jour donnent le meilleur d'eux-mêmes", a-t-il admis.

Face à la polémique, l'hôpital incriminé a également tweeté la photo de couveuses, situées "dans la chambre voisine où a été prise la photo tendancieuse".

La Sécurité sociale vénézuélienne a elle aussi posté l'image du service de néonatalogie de l'hôpital, se voulant rassurante, avec matériel médical adapté et lits pour bébés en règle.

Cependant, le directeur de la Sécurité sociale a tout de même demandé l'ouverture d'une enquête.

Quoi qu'il en soit, ces images sont une nouvelle illustration de la profonde crise que traverse ce pays d'Amérique du Sud, au bord du chaos. Depuis plusieurs mois, avec la baisse des cours pétroliers, les pénuries alimentaires sont quotidiennes. Les rayons des supermarchés sont vides, les produits de première nécessité rationnés, les coupures d'électricité fréquentes et l'inflation devrait même atteindre 720% cette année. 

Dans les hôpitaux, huit médicaments et fournitures sur dix manquent à l'appel, selon une récente étude publiée par les organisations sanitaires. Près de 90% des services d'urgences ont connu des dysfonctionnements. Dans certains d'entre eux, aucun moniteur de contrôle ne fonctionne, les médecins n'ont plus de gants et les services sont même privés d'eau.

C.H.A.