Au Pérou, le Parlement approuve la destitution de la présidente Dina Boluarte

Dina Boluarte, présidente du Pérou, le 27 janvier 2023 à Lima - Melina Mejia / Peruvian Presidency / AFP
La présidente péruvienne Dina Boluarte a été destituée ce jeudi 9 octobre à la suite d'une procédure de destitution devant le Parlement, après le dépôt de plusieurs motions en ce sens, sur fond de crise sécuritaire dans le pays.
"La destitution de la présidente a été approuvée", a annoncé le président du Parlement, José Jerí, à l'issue d'une courte session à laquelle Dina Boluarte ne s'est pas présentée, bien qu'elle ait été convoquée.
Pour être déchue de ses fonctions, la cheffe d'État devait voir au moins 87 des 130 députés qui composent le Parlement péruvien se prononcer en faveur de sa destitution. Selon les informations de La Republica, 123 députés ont voté en faveur de cette destitution.
Le président du Parlement péruvien José Jeri, 38 ans, a assumé vendredi la présidence du pays andin. "Aujourd'hui, j'assume avec humilité la présidence de la République, par succession constitutionnelle, afin de mettre en place et diriger un gouvernement de transition", a déclaré le nouveau chef de l'État, immédiatement après avoir prêté serment devant le Parlement.
Le nouveau président intérimaire assumera ses fonctions jusqu'au 26 juillet 2026. Le Pérou organise des élections générales en avril. "L'ennemi principal (...) ce sont les bandes et organisations criminelles, ce sont aujourd'hui nos ennemis, et en tant que tels nous devons leur déclarer la guerre", a-t-il ajouté.
"Incapacité morale permanente"
Les motions invoquaient une "incapacité morale permanente" de la présidente à exercer ses fonctions, selon les documents lus à l'ouverture de la session parlementaire. Dina Boluarte a déjà fait l'objet de plusieurs tentatives de destitution, sans qu'aucune n'aboutisse. Cette fois-ci la procédure pourrait aller plus loin, les partis de droite et d'extrême droite qui la soutenaient jusqu'à présent l'ayant lâchée.
Me président du Parlement monocaméral, dominé par la droite et l'extrême droite, assume désormais le pouvoir par intérim jusqu'aux élections générales d'avril 2026. Le Pérou traverse la pire période d'instabilité politique de son histoire moderne, avec six présidents en près de neuf ans. Arrivée au pouvoir après la destitution du président Pedro Castillo, dans un contexte de manifestations violemment réprimées qui ont fait au moins 50 morts, Dina Boluarte connait une impopularité record.
"Peur constante"
Son mandat a par ailleurs été entaché par plusieurs affaires, dont le scandale du "Rolexgate", portant sur des montres et bijoux de luxe qu'elle n'aurait pas déclarés, et une rhinoplastie pratiquée en juillet 2023 gardée secrète alors que la loi l'obligeait à en informer le Parlement.
Ces dernières semaines, les manifestations contre le gouvernement se sont multipliées à Lima face à la vague d'extorsions et de meurtres attribués au crime organisé. Cette nouvelle crise politique intervient alors qu'un groupe de musique a été la cible de tirs mercredi soir dans la capitale qui ont fait cinq blessés, dont quatre musiciens.
Les autorités n'ont pas encore déterminé si l'attaque était liée au fléau de l'extorsion. Cependant, le président de l'Association des artistes et entrepreneurs du Pérou, Walter Dolorier, a assuré que les musiciens avaient reçu des "menaces" de la part de groupes criminels.
"Les Péruviens vivent dans une peur constante (...) et cela n'est pas une manoeuvre politique, mais la conséquence du fait que nous n'avons pas de véritable dirigeante, seulement de la frivolité", a dénoncé la députée Norma Yarrow, du parti de droite Renovación Popular. Si Dina Boluarte était destituée, elle perdrait son immunité et se retrouverait exposée à d'éventuels procès susceptibles de la conduire en prison.