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Tunisie

Tunisie: 2 policiers écopent de 7 ans de prison pour le viol de "Meriem"

Des activistes tunisiennes, dont Amina Sboui (au centre) manifestent devant le tribunal le 31 mars 2014.

Des activistes tunisiennes, dont Amina Sboui (au centre) manifestent devant le tribunal le 31 mars 2014. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Les policiers ont nié le viol et même accusé la jeune femme de leur avoir fait des avances. La défense est déçue du verdict.

Un verdict "décevant" pour la défense de "Meriem". Deux policiers tunisiens jugés pour le viol de la jeune femme en 2012 ont été condamnés lundi soir à sept ans de prison.

Les deux hommes étaient accusés d'avoir violé la jeune femme à tour de rôle tandis qu'un troisième agent de police conduisait son petit ami jusqu'à un distributeur de billets pour lui extorquer de l'argent. Ce dernier s'est vu infliger une peine de deux ans de prison, a affirmé à l'AFP une source judiciaire.

Plus tôt, au cours de l'audience à huis clos, la défense des accusés avait réclamé un non-lieu et les policiers avaient nié le viol, accusant au contraire la jeune femme, connue sous le nom d'emprunt de Meriem Ben Mohamed, de leur avoir fait des avances. L'un des policiers, a rapporté Radhia Nasraoui, l'une des avocates de la victime, a assuré que c'était la jeune femme qui avait cherché à lui faire une fellation.

"Ils ont nié" avoir violé Meriem, a confirmé Koutheir Bouallègue, un autre de ses avocats. "L'un a juste reconnu s'être masturbé", a-t-il ajouté.

"Leur objectif, c'est de dire qu'elle n'était pas vierge"

Me Nasraoui s'est dite lundi soir "très déçue" par le verdict et a jugé qu'il était trop "clément". Les policiers affirment avoir surpris Meriem et son petit ami en train d'avoir des relations sexuelles dans une voiture en septembre 2012, dans une banlieue de Tunis.

Le Parquet avait tenté d'engager des poursuites pour atteinte à la pudeur contre le couple, déclenchant un vaste scandale en Tunisie et une campagne de soutien à la victime à l'étranger. Dans l'après-midi, Meriem était sortie en pleurant de la salle d'audience. Selon son avocate Emna Zahrouni, l'un des avocats des policiers, disant se fonder sur le rapport de la médecine légale, a en effet insisté pendant sa plaidoirie sur le fait que la jeune femme avait une activité sexuelle régulière.

"Leur objectif, c'est de dire au tribunal qu'elle n'était pas vierge. Ils attaquent sa personne", sachant que les relations sexuelles hors mariage sont taboues en Tunisie, a dénoncé l'avocate. "Quand je réclame justice, on m'insulte", a lancé Meriem, visiblement bouleversée.

Une dizaine de manifestants, dont Amina Sboui, ancienne membre tunisienne des Femen, sont venus lui manifester leur soutien devant le tribunal.

D. N. et A.D. avec AFP