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Mali : premier bilan de l’opération française

Les frappes françaises auraient fait un millier de morts côté djihadistes. La France déplore une victime, un pilote d'hélicoptère.

Les frappes françaises auraient fait un millier de morts côté djihadistes. La France déplore une victime, un pilote d'hélicoptère. - -

Jean-Yves Le Drian a dressé un premier bilan de l’opération française au Mali, parlant de plusieurs centaines de morts côté djihadistes, un millier, selon un spécialiste interrogé par RMC. Laurent Fabius envisage un début de retrait dès mars.

Trois semaines après le début des combats au Mali, Jean-Yves Le Drian dresse un premier bilan. Sur BFMTV mardi soir, le ministre de la Défense a fait état de plusieurs centaines d'islamistes tués lors de frappes aériennes et de combats au sol.
Les forces françaises déplorent pour leur part un mort, le pilote d'hélicoptère tué aux premières heures de l'intervention, et « deux ou trois blessés anecdotiques, sans gravité » selon le ministre. Dans la journée, la France a également confirmé la capture par les rebelles touaregs de plusieurs personnalités du groupe islamistes Ansar Dine.
Sur le terrain, les soldats français contrôlent l'aéroport de Kidal et la ville elle-même est « sécurisée » par quelques 1 800 Tchadiens, a indiqué mardi le ministère français de la Défense.

« Beaucoup de dégâts humains, beaucoup de dégâts matériels »

« Nous avons provoqué beaucoup de dégâts dans les groupes terroristes et djihadistes, synthétise Jean-Yves Le Drian. Beaucoup de dégâts humains, des morts, plusieurs centaines, et ensuite beaucoup de dégâts matériels, par la destruction de centre d’entrainements, de lieux de ravitaillement et d’essence en particulier, car s’il n’y a plus d’essence, vu l’étendue du pays, ça ne marche plus. Nous avons aussi détruit des caches d’armes et de munitions, mais nous sommes très précautionneux sur le type d’armes qu’ils pourraient encore posséder ».

« Environ 1 000 individus neutralisés »

Mathieu Guidère, islamologue, spécialiste de géopolitique et du monde arabe, comprend le flou du bilan proposé par le ministre de la Défense. « La quasi-totalité des véhicules des jihadistes ont été carbonisés par des missiles lors des attaques de l’aviation française, donc il n’est pas possible de vérifier le nombre de corps ni de victimes. Il est simplement possible d’extrapoler avec les images aériennes. Globalement, chaque pick-up armé a une dizaine de personnes, les Français ont neutralisé entre 50 et 100 véhicules, donc on est dans le millier d’individus neutralisés ces dernières semaines, par des bombardements la plupart du temps ».

« Permettre au Mali de retrouver l’Etat de droit »

La question, maintenant, est de savoir quand les troupes françaises se retireront. Dans une interview accordée à Métro, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius annonce que les troupes françaises commenceront à quitter le Mali en mars. Jean-Yves Le Drian, lui, est resté plus évasif. « Au fur et à mesure que les forces africaines et maliennes seront en situation de nous remplacer, elles le feront, et nous nous retirerons, c’est aussi simple que cela. La logique, c’est de permettre au Mali de retrouver l’Etat de droit. Après, ce sont les maliens qui assurent leur suivi politique. Nous n’avons pas du tout à nous immiscer dans l’évolution politique du Mali. Il y aura des élections, elles ont été annoncées pour le 31 juillet, donc ça vient vite, et à ce moment-là, un processus démocratique se mettra en place dans le pays, avec l’ensemble des populations du pays ».

« Un délai raisonnable »

« C’est une bonne nouvelle pour les troupes françaises, qui ont déjà donné, pour l’économie française, car cette guerre a déjà couté plusieurs dizaines de millions d’euros jusqu’à présent, estime Mathieu Guidère. Par ailleurs, le délai qui est donné, c’est-à-dire quelques semaines, est un délai raisonnable, puisque l’essentiel de l’action française consiste en des frappes aériennes et doit permettre par la suite le déploiement des forces africaines et maliennes dans les villes. Il fallait absolument éviter que l’armée française ne devienne une armée d’occupation dans une ancienne colonie ».

Mathias Chaillot avec Claire Andrieux