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Mali: les forces françaises reprennent Kidal

Les troupes françaises ont déployé plusieurs avions et hélicoptères et se sont emparés de l'aéroport

Les troupes françaises ont déployé plusieurs avions et hélicoptères et se sont emparés de l'aéroport - -

Dans la nuit de mardi à mercredi, des forces françaises ont pris position à Kidal, troisième grande ville du nord du pays, et se sont emparés de l’aéroport.

C’est la troisième plus grande ville du Nord du pays : dans la nuit de mardi à mercredi, « des éléments français ont été mis en place à Kidal », au Mali, selon le colonel Thierry Burkhard. Le porte-parole de l'état-major des armées s'est refusé à toute précision sur cette opération qui intervient 48 heures après la prise de Tombouctou par les forces françaises et maliennes.
Par ailleurs, les militaires français ont pu se déployer dans l'aéroport. « Je peux le confirmer », a déclaré Haminy Belco Maiga, président de l'assemblée régionale de Kidal. « Ils sont arrivés hier en fin de soirée et ont déployé quatre avions et des hélicoptères ». Un officier français a confirmé que des opérations étaient « en cours » à Kidal. Les combattants touaregs d'obédience laïque du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont dit lundi qu'ils contrôlaient déjà Kidal.

« Nous partirons rapidement »

Avec Gao et Tombouctou, les forces françaises et maliennes ont repris le contrôle de l'ensemble de la boucle du Niger. Et pour François Heisbourg, la reconquête de Kidal, dernière grande ville du Nord-Mali, va marquer un changement de nature des opérations, estime ce spécialiste des questions stratégiques. « On va entrer dans une phase dominée par la stabilisation de la situation pour permettre le déploiement de la force africaine », a-t-il déclaré. « C'est le moment le plus compliqué parce qu'on change de priorité et d'outil ». Selon le ministre français des Affaires étrangères, la libération rapide de Gao et Tombouctou « faisait partie du plan » français, engagé le 11 janvier. « Maintenant, c'est aux pays africains de prendre le relais », a confié Laurent Fabius dans l'avion qui l'emmenait à Addis Abeba pour une conférence des donateurs pour le Mali. « Nous avons décidé de mettre les moyens en hommes et en matériel pour réussir cette mission et frapper fort », a-t-il expliqué. « Mais le dispositif français n'a pas vocation à être maintenu. Nous partirons rapidement ».

Les djihadistes « désorganisés » et « atteints »

Selon un bilan dressé mardi soir par le ministère français de la Défense, les contingents africains de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) comptent pour leur part à ce stade 2 900 hommes, dont 1 400 Tchadiens, 500 Nigériens, 400 Togolais, 200 Nigérians, 150 Burkinabés, une centaine de Béninois et une cinquantaine de Sénégalais. La Misma doit à terme mettre sur pied une force de quatre bataillons de 500 hommes chacun, à quoi s'ajouteront les appuis et soutiens associés. Laurent Fabius estime que les djihadistes, stoppés dès les premières heures de l'opération Serval, il y a 19 jours, dans leur tentative de percée vers la capitale, Bamako, ont subi de lourdes pertes et sont « désorganisés » et « très atteints ». « Ils savent que nous pouvons écouter leurs moyens de communication, ce qui limite leur capacité de réaction », a ajouté le chef de la diplomatie française.

Kidal contrôlé par le Mouvement national de libération de l'Azawad

Kidal est situé à 1 500 km au nord-ouest de Bamako, non loin de la frontière algérienne et au pied d'un massif montagneux, refuge du groupe islamiste touareg malien Ansar Dine. Mais la ville n’est pas seulement dominée par les Français : les combattants touareg d'obédience laïque du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA ont aussi annoncé lundi avoir pris le contrôle de Kidal. « Les troupes françaises ont été très bien accueillies par la population de Kidal et le MNLA », a dit à Reuters un porte-parole de ce mouvement à Paris, Moussa Ag Assarid. « Elles ont été accueillies sous les cris de 'vive l'Azawad', 'vive la France' ». Il a assuré qu'il y avait une « coordination » entre le MNLA et les troupes françaises, qui sont, selon lui, entrées dans Kidal. « Mais c'est le MNLA qui contrôle et sécurise la ville », a ajouté Moussa Ag Assarid.
Le MNLA, a-t-il assuré, est prêt à discuter avec Bamako pour trouver une « solution politique ». « Nous demandons l'autodétermination (...) Ce sont des négociations qui vont déterminer à quel niveau on peut aller », a ajouté le porte-parole du MNLA, selon qui le mouvement est en contact avec les autorités maliennes par l'intermédiaire du médiateur de la Cédéao, le président du Burkina-Faso Blaise Compaoré.

Mathias Chaillot avec agences