Egypte: manifestations rivales, au moins quatre morts

Des supporters des Frères musulmans lors d'une manifestation au Caire vendredi. - -
La tension était palpable samedi au Caire. Les commissariats ont été transformés en véritables bunkers et des policiers et soldats bloquaient aux pieds de leurs tanks les principaux axes, dont l'emblématique place Tahrir, épicentre de la "Révolution du 25-Janvier" 2011.
La police a tiré de nombreuses grenades lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants islamistes, mais aussi de mouvements libéraux qui scandaient des slogans hostiles au pouvoir dirigé par l'armée. Selon le ministère de la Santé, les heurts avaient fait quatre morts à la mi-journée.
Au lendemain d'attentats meurtriers visant la police, le pouvoir dirigé par les militaires contre l'opposition islamiste appelait samedi à commémorer la révolte de 2011. Mais les partisans du président islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée le 3 juillet dernier, ont également appelé à manifester "pacifiquement" à l'occasion du troisième anniversaire de la révolte populaire qui a chassé Hosni Moubarak. Et un mouvement libéral et laïc, rassemblant d'anciens militants de la révolte, appelait à faire de même.
Pro-Morsi et libéraux dans une même manifestation
Dans la même manifestation, dans un quartier central de la capitale, se côtoyaient donc de manière inédite des pro-Morsi et des "Jeunes de la Révolution" de 2011. Ces derniers scandaient des slogans hostiles aux militaires, aux policiers, aux caciques de l'ère Moubarak et aux Frères musulmans.
De son côté, le gouvernement avait prévenu qu'il materait avec "fermeté" toute "tentative de sabotage des cérémonies par les Frères musulmans", qu'il a décrétés "organisation terroristes" il y a quelques semaines.
Ainsi, alors que des milliers d'Egyptiens étaient rassemblés sur la place Tahrir pour soutenir les autorités dirigées de facto par l'armée, la police a violemment dispersé les centaines d'opposants, tant islamistes que libéraux, qui célébraient le même anniversaire.
Voiture piégée à Suez
Mais manifestations et violences n'étaient pas localisées dans la capitale égyptienne. A Suez par exemple, un camp de la police a été touché par une explosion dans l'après-midi, aussitôt suivie par des tirs intenses. Les autorités ont fait état d'un attentat à la voiture piégée.