Crash en Egypte: Sissi finit par admettre qu'il s'agissait d'un attentat

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a reconnu pour la première fois mercredi que l'avion de touristes russes qui s'était écrasé le 31 octobre dans le Sinaï tuant ses 224 occupants était bien le fait d'un attentat - Mercredi 24 Février 2016 - AFP
Il aura fallu un peu moins de quatre mois. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a reconnu mercredi pour la première fois que l'avion de touristes russes qui s'était écrasé le 31 octobre dans le Sinaï tuant ses 224 occupants était bien le fait d'un attentat, comme Moscou l'avait affirmé peu après.
C'est de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, dans le sud du Sinaï égyptien, qu'avait décollé l'appareil, un Airbus A-321 de la compagnie russe Metrojet, avant de s'écraser quelques minutes plus tard. Les 217 passagers et 7 membres d'équipage, tous Russes sauf trois Ukrainiens, avaient péri dans le crash.
"Frapper nos relations avec la Russie"
La branche égyptienne du groupe jihadiste Daesh (l'acronyme en arabe de l'Etat islamique) avait immédiatement revendiqué l'attentat, assurant avoir placé une petite bombe à l'intérieur de l'appareil, exploitant une faille de sécurité à l'aéroport de Charm el-Cheikh.
Mais Le Caire n'avait jusque là eu de cesse de répéter que les causes du crash n'étaient pas connues, sans doute de peur que le tourisme, pilier de son économie extrêmement fragile, ne s'effondre.
"Qui que ce soit qui ait abattu cet avion, que cherchait-il ? Seulement frapper le tourisme (en Egypte)? Non, frapper nos relations avec la Russie", a dit le président Sissi devant un auditoire de responsables gouvernementaux et économiques lors d'une conférence sur le développement de l'Egypte reprises par les télévisions.
Dix jours après le crash, Moscou, par la voix du président Vladimir Poutine en personne, avait annoncé que ses enquêteurs sur place avaient conclu qu'il s'agissait bien d'un attentat, et interdit jusqu'à nouvel ordre tout vol entre la Russie et l'Egypte, ramenant ses ressortissants à bord de vols spéciaux. La Grande-Bretagne avait interdit tous ses vols à destination de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, d'où avait décollé l'avion russe, et, tout comme Moscou, fait immédiatement rapatrier tous ses ressortissants sur place.
Le tourisme quasiment au point mort
A ce jour, Londres n'a pas repris ses vols sur Charm el-Cheikh, ni Moscou à destination de toute l'Egypte.
Désormais, le tourisme est quasiment au point mort en Egypte. Souffrant déjà de l'instabilité politique et des violences qui secouent l'Egypte depuis la révolte de 2011 qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, ce secteur clé a aussi été profondément affecté par une série d'attentats. Le nombre de touristes est passé de près de 15 millions en 2010 à 9,3 millions cinq ans plus tard. Et avec 5,6 milliards d'euros en 2015, les revenus du secteur ont chuté de 15% par rapport à l'année précédente, selon des statistiques officielles.
Immédiatement après le crash, les pertes mensuelles atteignaient 2,2 milliards de livres égyptiennes, rien que pour les mois de novembre et décembre, soit 250 millions d'euros.
Choisie fin décembre par Le Caire, l'entreprise britannique Control Risks, une société de conseil en sécurité basée à Londres, devait commencer mi-février à examiner les mesures de sécurité de l'aéroport de Charm el-Cheikh, et notamment passer en revue les procédures de fouilles des passagers et de leurs valises, et évaluer le matériel ainsi que le personnel de sécurité. Elle doit ensuite remettre "ses recommandations" aux autorités égyptiennes.