Crash au Sinaï: "L'Etat islamique n'a pas l'habitude de faire de fausses annonces"

Les causes du crash aérien dans le désert du Sinaï en Egypte ne sont toujours pas connues. Samedi, 217 passagers et sept membres d'équipage sont morts dans l'accident de l'Airbus A321 de la compagnie aérienne russe Metrojet. Lundi, BFMTV a interrogé François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), sur la revendication de cette catastrophe aérienne par l'Etat islamique. Ce spécialiste en stratégie connaît bien les modes de communication de l'organisation terroriste.
Le groupe jihadiste Etat islamique en Egypte a en effet revendiqué l'attentat dès samedi. Selon le chercheur de l'Iris "il y a des éléments de vraisemblance, la piste terroriste reste très sérieuse". Même s'il relève que "l'Egypte et la Russie n'ont pas intérêt à la souligner en ce moment".
Des conséquences pour l'Egypte et la Russie
Interrogé par BFMTV, Alain Rodier, spécialiste du terrorisme, partage cet avis et précise que "ce serait un coup fatal pour ce qui reste du tourisme en Égypte, qui est déjà en déliquescence. Mais aussi parce que c’est reconnaître que ses forces de sécurité ne contrôlent pas le Sinaï. Et ça, ça reste très gênant pour les autorités." Sans oublier que les contrôles aux aéroports seraient eux aussi pointés du doigt si une bombe a pu être déposée à bord.
Et si la piste de l'attentat était confirmée, il y aurait aussi des conséquences côté russe. "Pour le moment, le président Vladimir Poutine pouvait faire intervenir ses troupes en Syrie sans qu’il y ait de réelle protestation en Russie. Mais si l’hypothèse d’un attentat est avérée, la population russe commencera sans doute à contester cette intervention en disant ‘c’est une honte parce que c’est nous qui trinquons pour une intervention à l’étranger’", imagine Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français.
"Ils ne sont pas menteurs"
Pour le moment, l'Etat islamique est extrêmement puissant en Irak et en Syrie. Le groupuscule jihadiste se développe en Egypte et a besoin de publicité dans cette région. L'organisation terroriste communique beaucoup avec une activité soutenue sur les réseaux sociaux. "Ils font beaucoup d'effets d'annonces et de menaces à l'égard d'Israël et de la Russie", explique Bernard Huyghe.
Et Daesh n'a pas la réputation de faire des revendications infondées. "L'Etat islamique est une organisation absolument abominable qui massacre des gens mais ils ne sont pas menteurs en ce sens où ils n'ont pas l'habitude de faire fausses annonces et de se vanter d'attentats qu'ils n'ont pas faits. Malheureusement, ils en font assez de vrais", a-t-il déploré.
Différentes hypothèses
Les déclarations sur l'origine de l'accident se succèdent ce lundi. Selon Metrojet, l'Airbus A321 qui s'est écrasé samedi en Egypte était "en excellent état technique" et seule une "action extérieure" peut expliquer le crash du vol charter. Pour la compagnie aérienne, l'erreur humaine est exclue.
De son côté, le chef du renseignement américain James Clapper a indiqué lundi à Washington qu'il n'y avait "pas de signe pour l'instant" qu'un acte terroriste était à l'origine du crash de l'avion russe dans le Sinaï. Le directeur national du renseignement des Etats-Unis a aussi estimé qu'il était "improbable" que le groupe Etat islamique ait les moyens d'abattre un avion commercial en vol. Mais il se garde bien de toute conclusion définitive, n'excluant pas totalement cette possibilité.