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Air cocaïne: les soutiens de Naudin en appellent à Hollande

Christophe Naudin sur BFMTV le 28 octobre.

Christophe Naudin sur BFMTV le 28 octobre. - BFMTV

Les soutiens du criminologue en appellent au président de la République. Et son avocat conteste "des chefs de poursuites absurdes", faits pour pallier l'absence de convention bilatérale d'extradition entre l'Egypte et la République dominicaine.

Le comité de soutien du Français Christophe Naudin, que l'Égypte s'apprête à extrader vers la République dominicaine pour son implication dans l'évasion de deux pilotes condamnés pour trafic de drogue, en a appelé dimanche à François Hollande.

"Nous demandons une audience au président de la République. Il n'y a que lui, que l'État français à un haut niveau, qui puisse intervenir auprès des autorités égyptiennes pour éviter une extradition qui pourrait être fatale à Christophe Naudin", a déclaré Christophe Lekieffre, président du comité de soutien.

Des problèmes de santé évoqués par le comité de soutien

Outre le fond de l'affaire, le comité de soutien à Christophe Naudin évoque es des problèmes de santé qu'une extradition et une détention pourraient aggraver.

"On ne peut pas laisser Christophe être envoyé en République dominicaine: il a la cinquantaine, souffre d'hypertension, et n'a rien fait qui mérite d'aller en prison", a-t-il affirmé, appelant à une intervention politique.

Samedi, le parquet égyptien a ordonné l'extradition de Christophe Naudin, a indiqué un haut responsable du ministère de l'Intérieur, précisant que les procédures pour son extradition allaient "commencer dimanche".

Dimanche, le ministère français des Affaires étrangères a réagi dans un bref communiqué, prenant acte de la décision égyptienne "d'extrader" Christophe Naudin. 

"Nous suivons avec attention sa situation et continuerons d'assurer la protection consulaire en sa faveur", a indiqué le ministère.

Le criminologue et spécialiste de la sûreté aérienne avait été arrêté le 4 février au Caire, en raison d'un mandat d'arrêt émis par la République dominicaine. Il avait aidé à organiser l'exfiltration, fin octobre, des pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos, condamnés tous deux à 20 ans de prison par la justice dominicaine pour trafic de drogue dans l'affaire dite "Air Cocaïne".

Fin novembre, la République dominicaine avait émis un mandat d'arrêt international contre Christophe Naudin, le député européen Aymeric Chauprade et Pierre Malinowski, l'assistant parlementaire à Strasbourg de Jean-Marie Le Pen, pour leur implication dans l'évasion des deux pilotes français.

L'avocat de Naudin conteste des "chefs de poursuite absurdes"

"Il ne s'agit pas d'une évasion, puisque les pilotes n'étaient pas détenus mais en liberté conditionnelle", a déclaré dimanche l'avocat français de Christophe Naudin, Martin Reynaud. Et surtout, "les chefs de poursuite retenus par la République dominicaine - la traite d'êtres humains et le trafic illicite de migrants - sont absurdes", selon Me Reynaud.

Pour l'avocat, ils n'ont été choisis que pour pallier "l'absence de convention d'extradition" entre Le Caire et Saint-Domingue: "Cela permet de s'appuyer sur la Convention des Nations unies pour la répression des êtres humains, qui ouvre la possibilité d'une extradition, même sans accord bilatéral".

Pour le comité de soutien, il faut empêcher une extradition qui "va tourner à la vengeance, car Naudin va payer pour les pilotes qu'il a aidés à sortir", a estimé Chirstophe Lekieffre, affirmant que les autorités égyptiennes attendaient "un geste" de la France pour éventuellement surseoir à cette extradition. "Si on ne leur pose même pas la question, ils ne risquent pas de répondre", a-t-il dit, dénonçant "l'inertie" du Quai d'Orsay.

Les deux pilotes incarcérés en France

L'affaire dite "Air Cocaïne" avait débuté en mars 2013, quand les pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos avaient été arrêtés par les autorités dominicaines aux commandes d'un avion de location chargé de valises contenant 680 kg de cocaïne. En août 2015, ils avaient été condamnés à 20 ans de prison pour trafic de drogue.

Le 28 octobre, alors qu'ils étaient en liberté conditionnelle avec interdiction de sortie du territoire, ils avaient fui ce pays des Caraïbes en bateau pour rejoindre l'île antillaise franco-néerlandaise de Saint-Martin avant de rejoindre la métropole par avion. Peu après leur retour, les deux pilotes ont été placés en détention provisoire par la justice française, qui enquête sur ce vaste trafic international de drogue. Les deux hommes sont également visés par un mandat d'arrêt international de Saint-Domingue mais la France a écarté toute extradition. Le 11 février, la justice dominicaine a confirmé leur condamnation à 20 ans de prison.
D. N. avec AFP