Afghanistan: le pari inédit d'une série TV féministe

L'actrice afghane Leena Alam (g), qui tient le rôle principale de "Shereen's law", s'apprête à jouer une scène de cette série, le 11 mars 2015 à Kaboul - SHAH MARAI, AFP
En pleine rue à Kaboul, une équipe de tournage afghane se lance dans les premiers plans d'une série télévisée d'inspiration féministe, un défi inédit en Afghanistan. "Yak, do, say, harakat!" ("un, deux, trois, action!"), lance en dari Max, le réalisateur.
Shereen, le personnage principal, entre en scène. Elle fait ses courses dans un petit bazar ambulant à Kaboul. Mais son mari, un homme possessif et brutal, la rattrape. Cette femme qui se bat pour son émancipation ne se laisse pas faire. S'ensuit une altercation.
Dans la série "Shereen's law", qui doit être diffusée dans les foyers afghans d'ici à la fin de l'année, Shereen a 36 ans et élève seule ses trois enfants tout en menant tambour battant une carrière de greffière au tribunal de Kaboul.
Pour ancrer encore davantage l'intrigue, elle se bat contre la corruption, le harcèlement, le viol et cherche à divorcer après un mariage forcé.
Plus de 13 ans après la chute des talibans, un tel scénario n'avait encore jamais été tenté en Afghanistan, un pays encore très conservateur.
La sélection du casting n'a d'ailleurs pas été de tout repos, plusieurs acteurs ayant renoncé devant une histoire un peu trop novatrice. L'une des actrices, qui jouait une avocate amie de Shereen, a dû reculer face à l'opposition de son mari. Un autre acteur, qui figurait un juge corrompu, s'est désisté par peur de pressions.

Les 12 épisodes de 45 minutes sont entièrement produits par la chaîne de télévision Tolo, un succès du paysage audiovisuel afghan dont le lancement en 2004 avait été largement financé par des fonds étrangers.