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Affaire Kashoggi: l'Arabie saoudite envisage d'accuser un proche du prince héritier

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Depuis le début de la polémique, née de l’assassinat présumé du journaliste Jamal Kashoggi au sein de son consulat à Istanbul, l'Arabie saoudite ne sait pas sur quel pied danser. Jeudi, le New York Times a affirmé que Riyad réfléchissait à accuser un général des services saoudiens, proche du prince héritier.

Après le démenti pur et simple, après l'idée un temps évoquée d'un interrogatoire ayant malencontreusement mal tourné, Riyad envisage une troisième piste pour se sortir de l'ornière Kashoggi. Le royaume songe à reconnaître l'assassinat du journaliste saoudien critique du pouvoir Jamal Kashoggi, qui habitait désormais aux États-Unis, dans son consulat d'Istanbul le 2 octobre dernier, et à affirmer qu'il est l'oeuvre d'un général des services de renseignements, Ahmed al Assiri, et proche du prince héritier Mohamed Ben Salman. Cet officier polyglotte, parlant outre l'arabe, le français et l'anglais, a précédemment été connu comme porte-parole de la coalition sous bannière saoudienne au Yémen en 2015.

Le conseiller du prince 

C'est en tout cas ce qu'a affirmé le New York Times ce jeudi soir sur la base de témoignages émanant de trois sources. Qu'al Assiri soit en réalité le commanditaire ou qu'il ne s'agisse que d'une manœuvre politique d'un régime aux abois, que même Donald Trump menace à présent de "conséquences sévères", pour se tirer d'affaire, cette accusation aurait deux retombées pour le prince Mohamed Ben Salman jusqu'ici l'homme fort de la dynastie: détourner de lui un soupçon qui n'a fait que se rapprocher au gré des révélations, et indiquer tout de même que l'initiative venait de son clan. Car outre sa position de conseiller, si Ahmed al-Assiri occupe un rôle central dans les renseignements saoudiens, c'est parce que Mohamed Ben Salman l'a promu dans ces fonctions il y a un an. Les Saoudiens ont en tout cas déjà servi leur nouvelle version à la Maison Blanche. 

La voici dans le détail qu'en donne le quotidien new yorkais: Ahmed al-Assiri reçoit du prince héritier l'autorisation orale d'enlever Jamal Kashoggi pour l'interroger en Arabie saoudite. Mais soit incompréhension, soit incompétence, soit excès de zèle d'un homme désireux de prouver à son suzerain qu'il mérite ses bontés, l'affaire aurait fini en un homicide sur le sol turc. Si ce récit venait à devenir la position officielle du royaume des Saoud, il attribuerait donc, a minima, à Mohamed Ben Salman la volonté de capturer à l'étranger Jamal Kashoggi. Pas tout à fait de quoi redorer son blason à l'internationale.

D'al-Assiri à Mutreb 

Par ailleurs, la presse, notamment américaine, a déjà identifié plusieurs membres du commando de quinze personnes suspectées d'avoir commis le forfait à Istanbul comme étant des piliers de la sécurité du prince. La photographie de Maher Abdulaziz Mutreb, dont la présence auprès du fils du roi, entrant dans le consulat une poignées d'heures avant Jamal Kashoggi a été publiée dans les médias.

La clé de l'intrigue semble bien se trouver dans le cercle du prince Mohamed Ben Salman.

Robin Verner