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Accord nucléaire iranien: dialogue difficile à Téhéran pour Le Drian

Jean-Yves Le Drian

Jean-Yves Le Drian - Bertrand Guay - AFP

Jean-Yves Le Drian est en visite à Téhéran ce lundi pour tenter de sauvegarder l'accord sur le nucléaire iranien menacé par les Etats-Unis. Les négociations s'annoncent délicates pour le chef de la diplomatie française vivement critiqué avant son arrivée.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, est à Téhéran ce lundi pour demander à l'Iran des gages sur son programme balistique et ses ambitions régionales afin de tenter de sauvegarder l'accord sur le nucléaire iranien, menacé par les États-Unis.

"L'extrémisme des pays européens"

Mais le "dialogue franc et exigeant" que le responsable français souhaite avoir avec ses interlocuteurs iraniens apparaît mal engagé tant les prises de position de la France vis-à-vis de l'Iran crispent Téhéran depuis plusieurs mois.

Jean-Yves Le Drian a rencontré dans la matinée l'amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN) et proche du guide iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

En début d'après-midi, le ministre français a commencé une session de travail avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, qui a dénoncé dans la presse l'"extrémisme" dont font preuve selon lui les pays européens "pour conserver les États-Unis dans l'accord sur le nucléaire iranien". Cette attitude "nuira en fin de compte à la politique de l'Europe", a-t-il averti.

La pression américaine

Jean-Yves Le Drian est le premier haut responsable des trois pays de l'Union européenne parties de l'accord sur le nucléaire iranien (Allemagne, France et Grande-Bretagne) à venir à Téhéran depuis l'ultimatum posé en janvier par Donald Trump à propos de ce texte présenté par ses partisans comme le meilleur moyen d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique.

Le président américain, pour qui il s'agirait d'un des pires accords jamais accepté par les États-Unis, a donné jusqu'au 12 mai aux Européens pour remédier aux "terribles lacunes" de ce texte conclu en 2015, faute de quoi Washington en sortira et réintroduira des sanctions contre l'Iran.

Un dialogue mais pas de négociations

La France cherche à obtenir de Téhéran des engagements à modérer son programme balistique et son influence au Proche et au Moyen-Orient, où Paris accuse la République islamique de visées "hégémoniques".

Deux points sur lesquels l'Iran a dit jusque-là pouvoir "dialoguer", mais certainement pas "négocier", sauf à ce que l'Occident détruise d'abord tous ses missiles et armes nucléaires, comme l'a déclaré samedi un haut responsable militaire iranien.

Politique de dissuasion

"La politique de l'Europe qui consiste à donner des gages aux États-Unis pour les garder au sein de l'accord nucléaire est une erreur synonyme de [...] capitulation face" à Donald Trump, a déclaré l'amiral Shamkhani lors de sa rencontre avec Jean-Yves Le Drian, selon un communiqué du CSSN.

Selon le texte, l'amiral Shamkhani a ajouté que "le renforcement de la capacité défensive de l'Iran, en particulier la puissance balistique du pays, est une nécessité inévitable dans le cadre de la politique de dissuasion de l'Iran". 

"Le laquais parisien de Trump"

Lundi matin, la presse ultraconservatrice iranienne s'en est violemment pris à Jean-Yves Le Drian, s'offusquant de propos que le Journal du Dimanche a prêtés au ministre et selon lesquels l'Iran "s'exposera à de nouvelles sanctions" s'il ne prend pas "à bras le corps" le sujet des "programmes balistiques de plusieurs milliers de kilomètres de portée qui ne sont pas conformes aux résolutions" du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le quotidien Kayhan a parlé d'"insulte" au "peuple iranien". Son confrère Javan titre "Le laquais parisien de Trump à Téhéran".

Pour Paris, la remise en cause de l'accord sur le nucléaire iranien ouvrirait la porte à la prolifération dans une région déjà très instable et ne ferait qu'encourager la Corée du Nord à aller plus loin dans son programme atomique militaire.

M. F. avec AFP