A Lviv, crise des ordures sur fond de lutte politique

Des piles d'ordures s'entassent dans les rues de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, le 21 juin 2017 - Yuri DYACHYSHYN, AFP
Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, est surtout connue pour ses bâtiments majestueux, ses rues pavées et sa vieille ville remarquablement préservée. Mais depuis plus d'un mois, ce sont d'impressionnants tas d'ordures qui font sa notoriété.
Dans certaines banlieues de cette cité de 700.000 habitants, les poubelles n'ont pas été ramassées depuis mai. La puanteur fait fuir les touristes et la prolifération des rats menace la santé publique.
Des piles d'ordures hautes de deux étages
Les autorités locales et le gouvernement se rejettent mutuellement la responsabilité de cette crise alors que les déchets s'empilent dans la rue.
"C'est une puanteur indescriptible! Certaines piles d'ordures sont si grandes qu'elles atteignent le deuxième étage" d'immeubles, raconte à l'AFP Maria Sidorovitch, une habitante de 58 ans qui n'ose plus ouvrir ses fenêtres malgré les 30 degrés en plein été.

Les médecins partagent l'inquiétude des habitants, soulignant que la situation fait peser des risques sanitaires.
"Une telle situation peut provoquer des infections intestinales. Dans ces conditions, le nombre de rongeurs porteurs des maladies dangereuses peut augmenter", affirme à AFP le chef du département municipal de la Santé.
Blocus des déchets
Alors que beaucoup d'habitants accusent la municipalité d'être incapable de gérer les ordures, le maire de Lviv Andriy Sadovyï, leader d'un parti d'opposition, met en cause un "blocus des déchets" orchestré par les autorités ukrainiennes.
Les problèmes ont commencé en mai 2016, lorsque la principale décharge de Lviv a pris feu.

"Depuis, nous avons des problèmes pour trouver un endroit où envoyer nos 600 tonnes d'ordures quotidiennes", explique l'édile.
"Alors qu'il y a quelque 5.500 décharges en Ukraine, je pensais que nous pourrions trouver une solution. Mais elles nous ont toutes fermé leurs portes, l'une après l'autre", assure-t-il.
Il accuse le gouvernement d'avoir mis la pression sur les propriétaires des décharges pour qu'ils n'acceptent pas d'ordures venant de Lviv. Selon lui, les autorités cherchent à le discréditer comme maire, mais aussi comme leader du parti d'opposition Samopomitch.
Car les relations entre le maire de Lviv et le président Petro Porochenko, anciens alliés, ne sont pas au beau fixe. M. Sadovyï et son parti ont quitté la coalition au pouvoir l'année dernière et rejoint les rangs de l'opposition.
"Conflit politique"
Le Premier ministre Volodymyr Groïssman a dû intervenir quand trois députés du parti Samopomitch ont entamé une grève de la faim. Ils l'ont observée pendant six jours, demandant au gouvernement d'agir pour régler la crise des ordures.
M. Groïssman a appelé les municipalités à aider Lviv à recycler ses ordures en les acceptant dans leurs décharges.
Et le gouvernement a promis d'octroyer 50 millions de hryvnias (1,7 million d'euros) pour la construction d'une nouvelle décharge dans la région de Lviv.