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80,7% de "oui" pour l'indépendance de la Catalogne

Des militants pro-indépendance durant un meeting à Barcelone, le 9 novembre 2014.

Des militants pro-indépendance durant un meeting à Barcelone, le 9 novembre 2014. - Josep Lago - AFP

Plus de deux millions de Catalans se sont rendus aux urnes, dimanche, pour un vote symbolique sur l'indépendance non reconnu par Madrid. Selon des résultats provisoires, au moins 80,7% des votants se sont prononcés pour le "oui" à l'indépendance.

Deux millions de votants et plus de 80% de "oui". L'exécutif catalan, fort d'une large participation au vote symbolique sur l'indépendance organisé dimanche, a promis de tout faire pour obtenir un vrai référendum d'autodétermination, en dépit du mépris de Madrid qui menace même de poursuites.

Selon la Generalitat (exécutif catalan) au moins 2.305.290 personnes ont choisi de participer à cette consultation symbolique.

80,7% des votants pour le "oui", selon des résultats provisoires

"Plus de deux millions de personnes ont voté (sur les 7,5 millions d'habitants que compte la Catalogne, ndlr), c'est un succès total", a exulté dimanche soir Artur Mas, le président catalan, à l'issue d'une journée très attendue, où les citoyens devaient dire s'ils étaient favorables à l'indépendance. "La Catalogne a démontré une fois de plus qu'elle veut se gouverner seule et que nous sommes suffisamment grands et adultes pour le faire", a-t-il martelé: "C'est un pas de géant".

Selon des résultats provisoires diffusés dimanche soir, quelque 80,7% des personnes ayant participé au vote symbolique se sont prononcées en faveur de l'indépendance.

Un jour "historique"

Toute la journée, des Catalans s'étaient rendus nombreux dans les bureaux de vote pour répondre à deux questions: "voulez-vous que la Catalogne soit un Etat?" et si oui "Voulez-vous qu'il soit indépendant?".

Un jour "historique" pour les partisans de l'indépendance, venus dans une ambiance festive et bon enfant, parfois en famille, immortalisant souvent l'instant du vote en se photographiant au côté des urnes. "Nous avons démontré que la justice espagnole ne nous fait plus peur, même lorsqu'elle nous menace, nous avons récupéré notre entière souveraineté et mis le cap sur la liberté", a lancé la leader de l'Association nationale catalane (pro-indépendance) Carme Forcadell, dimanche soir à Barcelone.

Le gouvernement dénonce une "propagande politique"

C'était "une journée de propagande politique organisée par des forces favorables à l'indépendance et sans aucune validité démocratique", a rétorqué le ministre espagnol de la Justice Rafael Catala, dans un communiqué où il s'exprimait au nom du gouvernement. "Les citoyens ont été invités à prendre part à un simulacre inutile et stérile", ajoutait le communiqué, cinglant.

Artur Mas a en effet ignoré une décision du tribunal constitutionnel l'intimant d'arrêter l'organisation de ce vote -sans valeur légale, en l'absence de commission électorale et de recensement. Il s'agit d'un défi sans précédent à l'autorité du pouvoir central de la part d'une région, du moins après la mort du dictateur Francisco Franco et l'avènement de la démocratie. Le dirigeant nationaliste a déclaré qu'il assumait la responsabilité de l'organisation, sans en craindre les conséquences.

Près de 4 millions de Catalans pour l'indépendance

En principe seuls les Catalans favorables à une sécession ou une autonomie beaucoup plus grande se sont déplacés, les autres ayant préféré boycotter le vote. Selon des sondages récents, environ la moitié des 7,5 millions de Catalans veulent l'indépendance. L'enjeu portait donc surtout sur le taux de participation, sachant que lors des dernières élections régionales en 2012, les partis indépendantistes avaient déjà obtenu 1,7 million de voix. 

Selon le philosophe et politologue Josep Ramoneda, également éditorialiste du journal El Pais, ce vote constitue un camouflet pour le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy, "qui en ressort affaibli".

Les résultats définitifs ne seront connus que fin novembre. D'ici là, l'exécutif catalan entend fixer une "feuille de route" qui pour l'instant semble être la même qu'à la veille du 9-N, "Neuf novembre": obtenir de l'Etat espagnol le droit d'organiser un vrai référendum sur l'indépendance de la Catalogne, voire organiser des élections régionales anticipées, dont le sujet central serait justement l'indépendance.

A.S. avec AFP