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Migrants à Calais: les militants en grève de la faim adressent une lettre ouverte à Emmanuel Macron

Les militants en grève de la faim à Calais

Les militants en grève de la faim à Calais - Denis Charlet

Les deux militants associatifs ont cessé de s'alimenter depuis 27 jours pour demander le respect de la condition des migrants. Dans leur lettre, ils demandent notamment la fin des expulsions pendant la trêve hivernale. Ils se disent prêts à rencontrer le président de la République.

"Notre vie est entre vos mains." Les deux militants en grève de la faim à Calais ont écrit ce jeudi une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour lui demander d'intervenir afin d'améliorer le traitement accordé aux migrants.

Trois revendications formulées

Anaïs Vogel et Ludovic Holbein ont arrêté de s'alimenter depuis 27 jours pour apporter leur soutien aux migrants de Calais. Accompagnés dans un premier temps par le prêtre Philippe Demeestère, celui-ci a arrêté sa grève de la faim jeudi afin de "continuer le combat autrement". Il reste toutefois solidaire des deux militants associatifs.

Dans leur lettre ouverte ayant pour objet "grève de la faim à Calais pour le respect de la dignité des personnes exilées", ils demandent l'intervention du président sur la situation des migrants. Trois requêtes, déjà exprimées depuis le début de leur grève, sont formulées. Ils souhaitent l'arrêt des expulsions pendant la trêve hivernale et la fin de la confiscation des effets personnels des migrants. Enfin, ils réclament la création d'un "espace de dialogue raisonné et citoyen'' entre les autorités et les associations concernant les distributions de produits de première nécessité.

"Aujourd’hui, nous, grévistes de la faim, associations et citoyens solidaires ne pouvons plus tolérer un hiver de plus qui serait encore fait de violences, d’expulsions, de vol des effets personnels, de traitements inhumains et dégradants. Nous attendons une prise de décision rapide et courageuse de votre part pour mettre fin sans plus attendre à ces atteintes aux droits fondamentaux", écrivent-ils au président de la République.

Ces derniers temps, la condition des migrants s’est aggravée dans le Calaisis, avec notamment une hausse des tentatives de traversée de la Manche et la multiplication des évacuations et des destructions de camps, comme le dénonçait il y a un mois, l'ONG Human Rights Watch. Face à cette situation, le ministère de l'Intérieur a missionné un médiateur pour étudier la question. Didier Leschi, également patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) s'est rendu à Calais le mois dernier pour négocier avec plusieurs associations et notamment les militants en grève de la faim.

Les militants disposés à rencontrer Emmanuel Macron

De retour à Calais cette semaine, Didier Leschi a annoncé que les personnes évacuées des campements seront "systématiquement" hébergées, mais hors de la ville de Calais. L'État a décidé cette semaine, de créer un "sas" de "mise à l'abri" permettant d'accueillir 300 migrants la nuit, avant de les rediriger vers des hébergements pérennes. Ces annonces n'ont pas convaincu Anaïs Vogel et Ludovic Holbein qui demandent désormais au président de la République de se saisir lui-même de ce dossier.

"Nous considérons que la mission confiée à M. Leschi a échoué à répondre à nos revendications pourtant élémentaires (...) Au 4 novembre, les expulsions continuent, les effets personnels des personnes exilées sont toujours détruits - nous en avons les preuves", déplorent-ils dans leur lettre.

Les deux militants rappellent au président qu'il a déjà été interpellé sur la question par une habitante, le 26 octobre dernier à Montbrison. Les grévistes de la faim se disent "ouverts au dialogue" et expliquent être prêts à le rencontrer afin de discuter de leurs revendications. Ils espèrent aussi qu'Emmanuel Macron prendra des mesures pour faire changer les choses.

"Nous en appelons dès lors directement à vous, Monsieur le président de la République, à votre pouvoir de décision et à votre humanité. Notre vie est entre vos mains. Nous vous demandons d’agir dans les plus brefs délais", alertent les deux militants associatifs.

Ceux-ci avaient également lancé, il y a un mois, une pétition sur le sujet, demandant l'arrêt de la maltraitance des migrants. Plus de 50.000 signatures ont déjà été recueillies.

Gauthier Hartmann