À Saint-Ciers-d'Abzac, petite commune de Gironde, le maire a pris la poudre d'escampette

Un maire portant l'écharpe tricolore (image d'illustration) - Ludovic Marin / AFP
Depuis plusieurs semaines, la petite ville de Saint-Ciers-d'Abzac en Gironde est confrontée à l'absence de son maire, disparu soudainement sur fond de difficultés financières. Jeudi, les autorités ont eu des nouvelles "rassurantes" mais le mystère demeure sur la raison de son départ. Le parquet de Libourne a ouvert une enquête, mercredi, "aux fins de recherche des causes de la disparition".
Les gendarmes ont pu le contacter jeudi et "recueillir des éléments rassurants sur sa situation de nature privée", a annoncé le procureur de la République Loïs Raschel dans un communiqué, précisant que la procédure serait classée.
Avant l'été, ce père de famille de 42 ans travaillant comme boulanger à Libourne avait prévenu qu'il manquerait le prochain conseil municipal en septembre, au moins pour raisons professionnelles, comme l'a raconté l'hebdomadaire local "Le Résistant".
Et en juillet, il est parti au Canada refaire sa vie, a-t-on appris de source proche du dossier. C'est aussi ce qu'il a répondu, par écrit, à ceux qui l'avaient contacté jusque-là via les réseaux sociaux, a expliqué à l'AFP le maire de Libourne, Philippe Buisson, qui préside la communauté de communes dont fait partie ce bourg de 1.500 habitants.
Dégradation de ses finances.
D'après le journal "Sud Ouest", le maire démissionnaire a également joint l'équipe municipale pour confirmer qu'il ne reviendrait pas. Décrit comme "atypique", l'édile "avait tout pouvoir dans la commune" et ne déléguait rien, à commencer par sa signature: du fait de son absence prolongée, la première adjointe vient d'être habilitée pour assurer l'intérim, avec l'assistance de la communauté de communes et des services de l' État.
"S'il s'agit d'une disparition organisée, et c'est le scénario privilégié, il s'est mis à la faute en ne faisant pas le tuilage minimum avec ses collègues élus", a souligné Philippe Buisson.
Selon une autre source proche du dossier, des voisins de l'intéressé ont dit l'avoir vu remplir un conteneur cet été lors de son départ. En mars, il avait créé une société spécialisée dans l'édition de logiciels, domiciliée à Paris, en passant par un notaire de l'Eure.
Depuis un an, la commune de Saint-Ciers-d'Abzac était suivie par les services de l'État après des signalements sur la dégradation de ses finances. Selon le sous-préfet de Libourne, Matthieu Doligez, elle avait intégré en 2025 le réseau d'alerte des collectivités et la chambre régionale des comptes a été saisie en août.
Outre de nombreux impayés et une trésorerie maigre, des investissements importants ont été relevés dans les comptes municipaux, dont l'achat d'une maison pour un montant jugé élevé.