Yves Coppens: "Je ne trouve pas que la période soit triste"

Le paléontologue Yves Coppens. - -
Invité vendredi matin de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV, le paléontologue Yves Coppens, auteur du livre Le présent du passé au cube - des nouvelles de la préhistoire (Odile Jacob), s'est montré invariablement optimiste quant à l'avenir de l'humanité.
Pourtant, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) vient d'affirmer officiellement que la pollution atmosphérique est cancérigène. "C'est l'évolution de sa démographie et de sa culture", constate le grand scientifique. "J'ai une grande confiance en l'humanité. Mais c'est très bien que l'homme prenne conscience de ça. A partir de là, on fait ce qu'il faut pour réparer"... même si cela prendra du temps.
Pour Yves Coppens, l'humanité est malgré tout "en excellente santé". Le paléontologue souligne qu'il n'a fallu que 200 ans pour passer de 1 milliard à 7 milliards d'êtres humains. Bien sûr, reconnaît-il, "l'homme est un prédateur pour lui-même, et c'est un prédateur depuis qu'il mange de la viande, c'est-à-dire depuis 3 millions d'années".
"On ne se rend pas bien compte que l'eau monte"
"Pour comprendre l'actualité, plaide Yves Coppens, il faut regarder dans le rétroviseur. J'aime l'Afrique et les Africains. Les Africains de l'Ouest ont ce proverbe: 'Quand tu ne sais plus où tu vas, arrête-toi, et regarde d'où tu viens'".
Faut-il céder au pessimisme ambiant? "Je ne trouve pas que la période soit triste", réplique Yves Coppens. "Et je le dis avec vigueur, surtout aux jeunes [ses étudiants] ! Quand les jeunes reçoivent cette information que l'avenir est bouché, c'est effrayant. Il faut au contraire les gonfler, les pousser".
Le paléontologue s'émeut-il des drames contemporains, comme les naufrages de migrants au large de Lampedusa? "Je regarde tout ça avec l'oeil de quelqu'un qui aimerait bien qu'on anticipe. Nous sommes dans un changement climatique, en partie dû à l'homme. Ne rêvons pas, on ne reviendra pas en arrière. Il faut s'occuper de l'avenir. C'est la montée des eaux, et la mise en difficulté des gens qui vivent près [des côtes]. Et ceux-là, il va falloir les déplacer... et on va attendre d'avoir le nez dedans. On est encore dans l'idée nostalgique d'un retour à la situation antérieure. On ne se rend pas bien compte que l'eau monte! Le Groenland fond!"