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Climat

Vers une interdiction des sacs plastique "biodégradables"?

Les sacs en plastique traditionnels mettent entre un et quatre siècles à disparaître. Et les sacs oxo-dégradables (par opposition aux sacs d'origine végétale) ne seraient guère meilleurs pour l'environnement, selon un député.

Les sacs en plastique traditionnels mettent entre un et quatre siècles à disparaître. Et les sacs oxo-dégradables (par opposition aux sacs d'origine végétale) ne seraient guère meilleurs pour l'environnement, selon un député. - -

Un député socialiste a déposé une proposition de loi visant à faire interdire une catégorie de sacs en plastique qui usurperait selon lui le qualificatif de "biodégradable". Alors que d'autres, à peine plus chers, le seraient réellement.

Les sacs en plastique traditionnel traités pour être "biodégradables" le sont-ils vraiment? Rien ne le prouve, répond un député socialiste qui vient de déposer une proposition de loi pour les interdire, tandis que les industriels furieux dénoncent une manoeuvre pour les évincer du marché.

"J'espère que cette proposition de loi sera examinée avant juin", déclare Arnaud Leroy, député des Français établis hors de France (5e circonscription), qui l'a déposée la semaine dernière.

Selon lui, le principe de précaution s'applique. "Il y a un gros débat sur la biodégradabilité de ces sacs. Je demande simplement que soit démontrée l'innocuité de la technique avant la poursuite de mise sur le marché".

Un faible surcoût pour une réelle biodégradabilité

Six millions de tonnes de déchets par an. Les déchets en plastique polluent terres et océans, où ils s'élèveraient à six millions de tonnes par an, présentant de multiples risques pour la faune, les éco-systèmes, et éventuellement pour la santé.

Deux types de sacs plastique utilisés. Il s'agit des bio-plastiques ou hydro-biodégradables à base d'amidon de maïs ou encore de pomme de terre, et des plastiques oxo-dégradables.

Un type de sac dans le viseur. Ce sont les plastiques oxo-dégradables qui sont visés par la proposition de loi. Ils sont fabriqués à base de polymères traditionnels, mais grâce à des additifs, comme des sels de métaux, le plastique abandonné dans la nature s'oxyde sous l'action de la lumière et/ou de la chaleur puis, assurent ses producteurs, fini par totalement se biodégrader.

10% du marché français. Ces plastiques - qui se déclinent essentiellement en sacs et films agricoles - représentent environ 10% du marché aujourd'hui en France, indique Philippe Michon, représentant exclusif en France de la compagnie britannique Symphony environmental, l'un des principaux fabricants de ces additifs dans le monde.

"Leur intérêt est qu'ils ont un faible surcoût par rapport à un sac plastique traditionnel, 10% à peu près, et le but du jeu est qu'on limite l'influence du plastique abandonné sur l'environnement", explique Philippe Michon, qui vend ses additifs à une trentaine de fabricants français.

Faux, assure Arnaud Leroy. Ces plastiques "se désagrègent en fines particules de plastique, le plus souvent du polyéthylène fossile, sans jamais atteindre la déstructuration moléculaire finale qui caractérise la biodégradation", écrit-il dans la proposition de loi.

D. N. avec AFP