Une vingtaine de militants de Greenpeace interpellés dans la centrale du Tricastin

Des militants Greenpeace ont pénétré dans la centrale de Tricastin dans la Drôme. - -
Plusieurs dizaines de militants de Greenpeace ont pénétré dans la centrale du Tricastin (Drôme) tôt ce lundi matin, montant sur les infrastructures entourant les réacteurs pour y déployer deux banderoles, a-t-on appris par l'organisation écologiste. Les gendarmes de la Drôme ont confirmé la présence des militants lundi vers 6h30. Les militants n'auraient pas accédé aux "zones sensibles" et une vingtaine d'entre eux auraient été interpellés selon le ministère de l'Intérieur. En milieu de journée, lundi, le gouvernement, à travers un communiqué, indique étudier « des sanctions pénales plus lourdes » pour ce type d'intrusion.
« François Hollande, président de la catastrophe ? »
Les militants sont entrés sur le site vers 5 heures du matin lundi, et ont déployé une banderole au niveau des réacteurs 1 et 3 où l'on pouvait lire: « Tricastin: accident nucléaire », et « François Hollande: président de la catastrophe? », selon Isabelle Philippe, chargée de communication de Greenpeace. Vers 7h, les militants ont déployé une autre banderole autour du réacteur 1. Vers 8h45, 21 militants, de nationalités française, italienne, roumaine et espagnole, avaient été interpellés selon le ministère de l'Intérieur, qui a souligné qu'aucun d'entre eux n'a pu « accéder aux zones sensibles de la centrale, notamment les salles de commande ». Selon les gendarmes de la Drôme, ces interpellations auxquelles les militants n'opposaient pas de résistance, prenaient du temps « du fait qu'ils se sont enchaînés aux structures ».
Les ministres de l'Intérieur et de l'Energie, Manuel Valls et Philippe Martin, ont demandé un rapport d'inspection sur les conditions de cette intrusion. Les responsables de la centrale n'étaient pas joignables pour communiquer sur la manifestation.
50 gendarmes sur place
Selon l'Intérieur, les militants, « répartis en trois groupes », « ont été immédiatement détectés ». Une petite dizaine, « localisés et sous contrôle », étaient toujours sur le site, a indiqué le porte-parole de la place Beauvau, Pierre-Henry Brandet. Une cinquantaine de gendarmes sont sur place dont 22 du groupe spécialisé dans la protection des installations nucléaires, le peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG), chargé de lutter contre les intrusions et les actes de malveillance.
« C'est une action médiatique qui ne représente pas de danger pour la sécurité des installations », a insisté M. Brandet. « Il n'y a pas eu de pénétration dans les enceintes de sécurité », a renchéri une porte-parole d'EDF. « Greenpeace veut pointer du doigt toutes les failles de sécurité dans la production d'énergie nucléaire », a expliqué Isabelle Philippe à l'AFP, rappelant que selon le classement de l'organisation écologiste, « Tricastin est une des centrales les plus dangereuses, une des cinq à fermer en priorité, notamment du fait des fissures du réacteur 1 ».
Une centrale dangereuse ?
Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écologistes, a salué « l'action citoyenne » de Greenpeace, jugeant que cette intrusion met au jour un « risque terroriste. Je pense que c'est extrêmement important d'alerter les Françaises et les Français », a-t-il ajouté.
La centrale du Tricastin, mise en service en 1980, a produit 24 milliards de kWh en 2012, une production qui équivaut à la consommation d'environ 3,5 millions d'habitants et qui répond aux besoins énergétiques de 45% de la région Rhône-Alpes, selon EDF. Elle emploie 1 373 salariés du groupe d'électricité et 500 sous-traitants permanents.
Une vingtaine de « défauts sous revêtement » avaient été détectés dans les années 2000 sur la cuve du réacteur numéro un de la centrale du Tricastin, sans qu'il y ait de danger selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) car ils n'évoluent pas.