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"On est piégé": l'appel en Facebook Live d'une femme coincée sous les décombres de son usine détruite par les tornades

Il ne reste rien de l'usine de bougies Consumer Products de Mayfield, au Kentucky.

Il ne reste rien de l'usine de bougies Consumer Products de Mayfield, au Kentucky. - John Amis

Les tornades ont fait au moins 94 morts au début du week-end dernier aux Etats-Unis, emportant notamment l'usine de bougies de Mayfield, devenue le symbole de la catastrophe. L'une de ses salariées, Kyanna Parsons-Perez, a illustré son calvaire de l'intérieur via des vidéos postées sur Facebook. Après avoir été secourue, elle a complété son témoignage sur CNN.

Six Etats traversés en quelques heures pour, au moins, 94 morts selon un dernier décompte officiel. C'est au Kentucky que la série de tornades qui a ravagé les Etats-Unis entre vendredi soir et samedi matin a soufflé le plus fort. Une usine de fabrication de bougies de la ville de Mayfield est devenue le symbole des colossaux dégâts humains et matériels entraînés par la catastrophe naturelle.

Il faut dire que vendredi soir, 110 employés s'y activaient encore quand le fléau leur est tombé dessus, en même temps que les décombres de ce qui fut leur lieu de travail. 40 ouvriers ont pu être secourus depuis mais le gouverneur du Kentucky a averti que ce serait "un miracle d'en sauver d'autres".

Au nombre de ces quarante "miraculés", Kyanna Parsons-Perez. Elle est aussi tient de l'emblème désormais. En effet, alors même qu'elle gisait sous les décombres avec quelques collègues transformés en compagnons d'infortune, elle a d'abord illustré leur calvaire depuis l'intérieur de l'usine effondrée en postant deux vidéos captées en direct sur Facebook. Elle est ensuite revenue sur "l'expérience la plus terrifiante" de sa vie auprès de CNN après son sauvetage.

Le courage et la peur

Dans ces deux Facebook live consécutifs, enregistrés à chaud sous les débris et dont l'image est totalement noire, toutes les émotions passent dans la voix de Kyanna Parsons-Perez. Tandis qu'on entend ses collègues pleurer, elle est d'abord rassurante, tente de ranimer leur courage. "Calmez-vous, ça va aller", l'entend-on dire. Elle utilise alors un surprenant argument pour les distraire de leur malheur:

"C'est mon anniversaire dans quelques heures, je vais avoir 40 ans. Vous allez tous me chanter 'Happy Birthday'".

Ses collègues s'exécutent alors. Puis la peur la rattrape elle aussi: "On est piégé". "Je suis bloquée contre le mur, je suis la dernière à pouvoir sortir.", reprend-elle, suppliant encore:

"Aidez-nous. Que quelqu'un nous vienne en aide".

"Un million de tempêtes", plus une

Les secours ont dû déblayer plus d'1,5 mètre de gravats pour la tirer de là. Mais Kyanna Parsons-Perez s'en est sortie. Quelques heures après son extraction, elle a poursuivi son témoignage par téléphone auprès de la chaîne d'information CNN. Elle a commencé en donnant de ses nouvelles.

"Physiquement, ça va. Emotionnellement, ça va moins bien", introduit-elle.

Elle explique: "Ça a été dur de sortir et que des gens me racontent ce qui est arrivé à certains… ça a été vraiment, vraiment dur. C’est l’expérience la plus terrifiante de ma vie", souligne la salariée, notant: "Mes pieds étaient complètement bloqués".

Pour survivre à cette épreuve, elle a pu puiser dans ses ressources morales. Au point de ne pas prendre immédiatement la mesure du danger dans les premiers temps: "Au début – vu ma nature – je ne me suis pas emballé, je me disais : ‘On a connu un million de tempêtes donc ça va le faire’."

Mais cette tempête-ci n'avait rien de pareil aux précédentes.

"On a commencé à sentir le vent, et puis ça a explosé dans mes oreilles puis tout l’immeuble s’est mis à trembler et puis ‘boum!’, tout s’est effondré", liste Kyanna Parsons-Perez.

"Pas question de mourir"

Les phrases qui lui viennent alors à l'esprit sont bien différentes des premières. "Je me suis demandé : ‘Euh, c’est vraiment en train d’arriver pour de vrai?’", s'est-elle souvenue auprès de CNN. Heureusement pour elle, son caractère a là encore pris le dessus.

"Je me suis dit: ‘Pas question de mourir aujourd’hui’."

Une promesse que les secouristes lui ont permis de tenir, en même temps que d'atteindre ses quarante ans.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV