Les sciences et technologies boudées par les jeunes

Seul un quart des étudiants s’oriente vers les sciences et technologies - -
Le fossé se creuse entre les aspirations des plus jeunes et la réalité économique. Le constat n'est guère encourageant et pourtant les faits sont là: plus de 60% des jeunes lycéens français déclarent être intéressés par les sciences et les technologies. Dans le même temps, seul un quart d’entre eux s’oriente ensuite vers ces filières de formation dans l’enseignement supérieur. Pour Claudine Schmuck, auteur de l’étude Repérages 2013, "c’est un paradoxe symptomatique d’un certain désenchantement, révélateur d’insuffisances dans l’orientation."
En France, six jeunes sur dix estiment que les futures générations en France vivront moins bien qu’eux. La perception du progrès a muté. Elle est toujours évocatrice de science et d’avancée technologique. Mais elle n'est plus associée à une amélioration des conditions de vie. Selon l’enquête réalisée par Ipsos pour l’Institut Diderot, 68% des jeunes de 18-25 ans interrogés pensent que la situation économique de leur pays va se dégrader dans les dix prochaines années.
"Le progrès incite à être prudent"
Le progrès est synonyme de joie, de confort, d’espoir. Mais, pour les jeunes ces notions positives ne se concrétisent pas dans le monde. En revanche les répercussions négatives du progrès et de la science sont bien identifiées. Un jeune affirme: "L'homme a créé la science et la science tuera l’homme." Cette prise de conscience alimente une tendance au repli sur soi et à la peur.
82% des jeunes interrogés déclarent que le progrès les incite à être prudent, 70% à se protéger, 64% à se méfier. Pour Ludovic Guilcher, directeur adjoint chargé des politiques RH chez Orange: "Cette étude n'est évidemment pas une très bonne nouvelle, globalement la France a besoin d'ingénieurs. Nous étions déjà en déficit et on se rend compte que ce n'est pas désormais, seulement un manque de femmes dans ces filières. C'est donc notre responsabilité de mettre en avant l'intérêt de ces métiers".
Des jeunes diplômés très vite salariés
Les jeunes perdent confiance et pourtant les besoins de recrutements augmentent: une progression de 13% en trois ans. Ce sont plus de 130.000 projets de recrutements qui sont identifiés dans 35 métiers scientifiques et techniques. Les jeunes diplômés trouvent donc du travail rapidement. 92% des ingénieurs de moins de 30 ans déclarent avoir un emploi au moment de l’enquête en 2013. Les principales opportunités se trouvent dans le numérique et l'environnement. Les besoins en techniciens ont ainsi augmenté de plus de 50% de 2010 à 2013. Pourtant certains postes ne sont pas pourvus, en particulier dans le numérique.
Promouvoir les filières d'avenir
De quoi engager une réflexion sur les liens à accroître entre le monde de l'entreprise et les écoles et les universités. Pour Ludovic Guilcher, il faut intervenir très tôt dans les écoles. Nous sommes présents dans les lycées notamment à travers le partenariat "Ingénieurs pour l'école" ou "Passeport Avenir" présidée par Stéphane Richard. Nous avons des contrats d'apprentissage. 5.000 apprentis en permanence dans le groupe.
Pour nous il est important d'informer sur nos métiers de façon ludique et attractive mais aussi très pédagogique. Car un parcours technique peut aussi conduire à des parcours généralistes chez Orange. Dans l'environnement aussi on chiffre de 745.000 à 825.000 les perspectives de création d'emplois d'ici à 2050, selon les études OFCE-Ademe et NégaWatt-Ademe. La balle est donc plus que jamais dans le camp du gouvernement qui doit promouvoir ces filières d'avenir.