La France pour une réflexion européenne sur les OGM

La France veut une réflexion européen sur les OGM après les critiques de l'étude Séralini. - -
Le ministre de l'Agriculture a annoncé lundi vouloir réévaluer la question des OGM au niveau européen. L'annonce de Stéphane Le Foll fait suite à une demande du Premier ministre et à la forte décrédibilisation scientifique de l'étude du professeur Séralini sur la toxicité des OGM.
Objectif ? Remettre à plat "le dispositif communautaire d'évaluation, d'autorisation et de contrôle des OGM et des pesticides" pour amener la réflexion sur les OGM à l'échelle communautaire.
Les déclarations du ministre de l'Agriculture s'ajoutent à celles de la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho. Selon elle, l'étude du professeur Séralini sur les OGM a, malgré sa non-validation par le Haut conseil des biotechnologies, "au moins un mérite: elle a mis en avant la nécessité de bouger".
La nécessité d'études sur les OGM au long cours
Concrètement, la ministre de l'Ecologie souhaite à l'avenir "des études à long terme, des études qui portent sur les effets cumulés des OGM et des pesticides qui les accompagnent" et "revoir la procédure d'évaluation".
Une requête déjà formulée quelques heures auparavant par le Haut conseil des biotechnologies. Désavouant les méthodes du professeur Séralini -à qui on reproche notamment la taille de ses échantillons, une présentation des résultats "parcellaire et imprécise" ou encore des conclusions non-étayées- le HCB recommande également "une étude de long terme, indépendante et contradictoire soit entreprise sous l'égide des pouvoirs publics quant à la sécurité sanitaire du maïs NK603". Sans toutefois préciser la durée d'une telle étude, alors que les études de toxicologie classique, notamment pour les OGM, portent sur 90 jours et que celle du professeur Séralini portait sur deux ans.
Vers un moratoire européen ?
Or, sans nouvelle étude validée, et alors que l'étude du professeur Séralini "n'est pas de nature à remettre en cause les précédentes évaluations" sur le maïs Monsanto NK 603, selon le HCB, il n'y a pas de nouvelles mesures gouvernementales à attendre. Au moins pour l'instant.
"Sur cette base, il n'y a donc pas lieu de revenir sur les autorisations accordées au maïs NK603 et à l'herbicide Roundup" a confirmé lundi Stéphane Le Foll. Mais le ministre de l'Agriculture ouvre la voie à une réflexion à l'échelle communautaire. "Dans ce contexte, la détermination du gouvernement pour maintenir le moratoire en France des OGM autorisés à la culture dans l'Union Européenne est réaffirmée".
La France s'était déjà heurté à l'Union européenne pour l'OGM Monsanto 810. La commercialisation et la culture de ce maïs transgénique est interdite en France depuis 2008. Une clause invalidée en septembre 2011 par la Cour européenne de justice et revalidée au printemps 2012 en France par Nathalie Kosciusko-Morizet.
La professeur Séralini pour une "interdiction" du maïs NK603
Dans l'attente, le professeur Gilles-Eric Séralini veut "interdire" le maïs NK603, dont son étude concluait à un risque accru de tumeurs mammaires et d'atteintes hépato-rénales pour les rats nourris avec ces grains, associés ou pas au Roundup, son herbicide.
"Aujourd'hui, l'enjeu est un enjeu de santé publique. Une étude de deux ans, ça prend quatre ans à mettre en place et à analyser, et pendant ces quatre ans, qui va encore être malade ou mourir à cause de ces produits mal évalués?", a-t-il ajouté.