L'industrie agro-alimentaire: comment limiter son impact environnemental?

Les industries agroalimentaires prennent conscience de leur impact environnemental, mènent des actions mais doivent encore progresser. - -
"L'industrie agroalimentaire prend conscience de son impact environnemental et des conséquences, mais a encore du chemin à accomplir". C'est en résumé le résultat de l'étude menée par Oekom Research. Ce sont 135 entreprises qui ont été passées au crible, majoritairement aux États-Unis.
Cette industrie est très dépendante de la nature, elle a un lien étroit avec l'agriculture. Dans le monde, 37 % des terres sont utilisées pour les cultures et 70 % de l'eau. Au final ce secteur représente 24 % des émissions de CO2.
Les grands entreprises qui fournissent la matière première ont pris conscience de cette empreinte mais manquent clairement de transparence.
Aucun grand standard n'a été établi
Oekom Research souligne que certaines actions sont menées à l'échelle d'une région mais aucun grand standard n'a été établi. Sans parler des cultures OGM et des pesticides. La donne changera peut-être sous la pression des consommateurs. Il en sera certainement de même pour les grands groupes de l'agroalimentaire. La nutrition est au cœur de la problématique de la plupart d'entre-elles.
Nestlé en a fait l'un des piliers de son programme 'Création de valeur partagée". L'obésité gagne du terrain. Le sucre est désormais surnommé l'alcool des enfants.' C'est une question de santé publique. Oekom Research constate que les plus grands groupes introduisent clairement des ingrédients plus bénéfiques pour la santé dans leurs produits, ils font baisser les taux de sucre. Mais la communication pèche parfois. Les enfants sont toujours clairement sollicités: il suffit de jeter un oeil les publicités.
Eviter le dédale des labels
Pour résumer, avec des marges de progrès c'est Coca-Cola qui arrive en tête de cette étude devant Unilever, Nestlé Pernod Ricard et Danone. Oekom Research estime que ces groupes se doivent d'être encore plus transparents et d'inciter les acheteurs à regarder avec précision les étiquettes.
Jean-Manuel Bluet directeur du développement durable de Nestlé France a pu mesurer l'impact sur les consommateurs à travers la marque Herta. Un engagement a été pris de réduction de 6 % du taux de sel et de 8 % du taux de gras. C'est l'une des gammes qui a le mieux performé: l''affichage était très clair.
Si les entreprises sont sensibles à la provenance des produits, elles doivent être particulièrement vigilantes sur le travail des enfants et plus globalement les conditions de travail. Jean-Manuel Bluet reconnaît que la filière cacao reste un enjeu de taille. "Nous avons parfois six intermédiaires et les populations sont tellement pauvres qu'elles font travailler les plus jeunes." Nestlé a lancé un 2012 un partenariat avec la "Fair Labour Association" pour y voir plus clair.
Mais 'nous avons conscience que nous ne pouvons pas résoudre seul le problème de la pauvreté". Les enjeux politiques sont forts. Les consommateurs sont en quête d'information mais ils se perdent souvent dans les labels. Pour Jean-Manuel Bluet, "la différence c'est quand on sera capable de s'emparer de tous ces sujets au niveau des marques, nous basculerons dans une autre dimension". Et Isabelle Reinery analyste chez Oekom Research de conclure: "une approche plus révolutionnaire serait nécessaire pour tout le secteur."