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TOUT COMPRENDRE - Quel est ce projet de mine de charbon en Allemagne contre lequel manifeste Greta Thunberg?

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Greta Thunberg participe avec d'autres activistes écologistes à des manifestations contre un projet d'extension de mine de charbon en Allemagne. L'entreprise justifie son projet par la crise énergétique que connaît le pays.

Malgré l'intervention de la police, la contestation se maintient à Lützerath. Cette petite municipalité de l'Ouest de l'Allemagne a reçu un coup de projecteur cette semaine, avec la participation de l'activiste écologiste suédoise Greta Thunberg à des manifestations contre l'extension d'une mine de charbon. Thunberg a été arrêtée mardi et a passé quelques heures en garde à vue, a indiqué une source policière à l'AFP. Des photos d'elle, tenue et portée par des policiers, ont fait le tour du monde.

De quoi donner de la visibilité aux revendications des militants écologistes sur place, dont certains occupent le terrain depuis deux ans, selon l'ONG Greenpeace.

• Quel est le projet de mine?

Le projet contesté est mené par le conglomérat allemand RWE. Il s'agit d'étendre la mine de Garzweiler au village voisin de Lützerath, afin d'en extraire le lignite, un type de charbon. Cette extraction "sera bientôt nécessaire pour utiliser de manière optimale le parc de lignite pendant la crise de l'énergie" entraînée par la guerre en Ukraine, écrit l'entreprise sur son site. L'Allemagne est contrainte de relancer sa production de charbon face à la baisse d'approvisionnement en gaz russe.

"Sans Lützerath, le volume de charbon extrait annuellement serait considérablement réduit et l'approvisionnement sûr des centrales électriques en lignite serait menacé", affirme aussi RWE.

Le village comptait à l'origine "un peu moins de 100 habitants" qui étaient tous relogés en 2017, selon RWE. L'entreprise affirme que "seules les personnes qui occupent illégalement les bâtiments et les sites appartenant à RWE Power restent dans l'ancien village de Lützerath".

• Que demandent les manifestants?

Le collectif "Lützerath Lebt", dont les militants font partie de ceux présents à Lützerath, conteste l'extraction du charbon qui se trouve sous le village et dénonce un projet qui va à l'encontre des objectifs climatiques énoncés par l'accord de Paris.

L'ONU souligne sur son site que "les combustibles fossiles, tels que le charbon, le pétrole et le gaz, sont de loin les principaux responsables du changement climatique mondial, puisqu'ils représentent plus de 75% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et près de 90% de toutes les émissions de dioxyde de carbone".

"Ce projet, tout comme l'extraction de combustibles fossiles et les nouvelles infrastructures partout dans le monde, est lié à la destruction de la vie des gens, du climat et de la planète", estime aussi Greenpeace dans un communiqué publié samedi. L'ONG demande une accélération de la transition vers les énergies renouvelables.

• Qu'en dit le gouvernement?

Interrogé sur les accusations de manquements aux objectifs climatiques, le chancelier allemand Olaf Scholz a défendu le projet.

"Avec nos décisions, nous nous assurons que nous pouvons atteindre les objectifs climatiques et en même temps maintenir la prospérité dans notre pays", a déclaré le chancelier la semaine dernière auTageszeitung .

Le gouvernement de la région, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, estime aussi que l'opération de RWE est nécessaire. La ministre rhénane de l'Économie déclarait aussi dans un communiqué publié en octobre que "si Lützerath devait être préservé, le volume de production nécessaire pour maintenir la sécurité d'approvisionnement au cours des huit prochaines années ne pourrait être atteint, la stabilité de la mine à ciel ouvert ne pourrait être garantie et la remise en culture nécessaire ne pourrait être effectuée".

Toutes les autorisations et ordonnances judiciaires nécessaires au début des travaux ont été accordées, selon RWE. Une opération policière est en cours depuis plusieurs jours et les derniers activistes ont été délogés lundi. Les actions se poursuivent toutefois, avec des occupations de voies de chemin de fer, des blocages de routes et de bâtiments, notamment dans l'ouest de l'Allemagne mardi.

Sophie Cazaux