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Climat

Les ouragans violents potentiellement favorisés cette année par les températures anormalement hautes de l'Atlantique

Image satellite de la Nasa mettant en évidence les écarts de température par rapport aux normales dans l'Océan atlantique Nord. Plus une zone s'approche du rouge, voire du violet, plus il y fait chaud. Plus elle s'approche du vert voire du bleu, moins elle l'est.

Image satellite de la Nasa mettant en évidence les écarts de température par rapport aux normales dans l'Océan atlantique Nord. Plus une zone s'approche du rouge, voire du violet, plus il y fait chaud. Plus elle s'approche du vert voire du bleu, moins elle l'est. - Nasa/PO.DAAC

Avec des températures atteignant deux à trois degrés au-dessus des normales actuellement, l'Océan atlantique pourrait être le théâtre d'une saison cyclonique particulèrement violente.

La saison cyclonique qui a commencé début juin dans l'Océan atlantique nord pourrait être particulièrement agitée cette année. Des prévisions datant de la fin du mois de mai estimaient pourtant qu'elle serait "proche de la normale", alors qu'est-ce qui a changé? Les températures des eaux sont actuellement plus élevées que prévues, parfois deux à trois degrés au-dessus des normales de saison. Or, plus l'eau est chaude, plus les tempêtes tropicales peuvent être violentes et risquent de devenir des ouragans.

Vers la Martinique, qui s'apprête à être balayée par la tempête tropicale Bret, la température de l'eau est par exemple à 27 degrés, soit un degré de plus que la normale. Mais surtout vers le Cap-Vert (au large des côtes de l'Afrique de l'Ouest), là où les tempêtes tropicales se forment, on est parfois deux à trois degrés au-dessus de la "normale". Les tempêtes tropicales ne peuvent se former que lorsque l'eau est à minimum 26 degrés.

Plus d'air chaud pour alimenter les ouragans

Si ces températures persistent voire se réchauffent d'ici à la fin de la saison cyclonique, les dépressions voire tempêtes tropicales qui en résulteront pourront être particulièrement violentes, pouvant donner lieu à des ouragans de catégorie 1 (les moins violents et les plus communs) à 5 (les plus violents et rares, le dernier dans l'Atlantique était Dorian, en 2019).

Les ouragans sont en effet alimentés pas des airs humides et se nourrissent de la chaleur, qui dilate l'air et le fait monter en altitude, créant une zone de faible pression atmosphérique. Cette zone sera alors plus rapidement comblée par de nouvelles quantités d'air, et ce mouvement participera à faire grossir l'ouragan.

Au-delà des rafales de vent des ouragans, qui peuvent osciller entre 120 et 250 km/h, le danger de ces phénomènes météorologiques vient principalement des fortes précipitations pluvieuses qu'ils causent et de l'élévation localisée du niveau de la mer causée par leur passage.

2022, saison dans la norme

En 2022, l'Atlantique Nord a été le théâtre de huit ouragans, dont deux de catégories 4: Ian, qui a dévasté le sud-est des États-Unis et fait au moins 150 morts, et Fiona, qui en a causé au moins 29 entre les petites Antilles et l'est du Canada. Sur la période 1991-2020, les saisons cycloniques annuelles étaient marquées par environ sept ouragans dans l'année. Le record est détenu par saison 2005 avec quatorze ouragans enregistrés.

La saison cyclonique s'ouvre officiellement le 1 juin et prend fin le 30 novembre, selon l'Organisation météorologique mondiale. Le réchauffement et le dérèglement climatique tendent cependant à plus ou moins en avancer le début et à en retarder la fin. La première tempête de 2023, Arlene, s'est formée le 2 juin avant de passer sur l'archipel des Bahamas. Étant le deuxième de l'année, la tempête qui s'apprête à passer sur la Martinique devait porter un nom commençant par "B", d'où "Bret".

Christophe Person et Glenn Gillet