Les inondations dévastatrices au Nigeria aggravées par le changement climatique

Inondations au Nigeria, en septembre 2022 - Radeno Haniel / AFP
Le changement climatique a multiplié par 80 la probabilité des pluies intenses à l'origine d'inondations historiques au Nigeria, qui ont tué ces derniers mois plus de 600 personnes et dévasté l'agriculture du pays le plus peuplé d'Afrique, selon une étude scientifique publiée mercredi par le World Weather Attribution (WWA).
Pionnier, ce réseau mondial de scientifique s'est imposé ces dernières années par sa capacité à évaluer en peu de temps le lien entre les événements météo extrêmes et le changement climatique, ce lien n'étant pas systématique.
Parmi ses précédentes études, le WWA a conclu que la sécheresse du dernier été dans l'hémisphère nord avait été rendue "au moins 20 fois plus probable" par le réchauffement de la planète liés aux gaz à effet de serre.
Ou que la canicule de 2021 dans le nord-ouest du Canada et des États-Unis aurait été "pratiquement impossible" sans le changement climatique. Mais qu'il n'était toutefois pas le facteur majeur de la crise alimentaire en 2021 à Madagascar.
Leurs résultats, produits en urgence et rendus publics sans passer par les revues à comité de lecture, sont obtenus en combinant des méthodes approuvées par leurs pairs, en premier lieu des données météo historiques et des modèles climatiques.
"Nous ne faisons que présenter les preuves ici"
Dans la région du lac Tchad, les "pluviométries supérieures à la moyenne" relevées cette année "ont désormais une chance sur dix environ de se produire chaque année" alors qu'elles étaient rarissimes avant l'impact climatique du recours aux énergies fossiles, estime le WWA.
Les scientifiques ont aussi examiné le pic de précipitations sur sept jours le long du bassin inférieur du Niger, au Nigeria. Ils concluent que "le changement climatique a rendu l'événement environ deux fois plus probable et environ 5 % plus intense".
La publication de ces conclusions interviennent en pleine négociations en Egypte à la COP27, où les pays en développement demandent aux riches, pollueurs depuis le début de l'ère industrielle, de payer pour les "pertes et dommages" liées au changement climatique.
"Ce n'est pas à nous, scientifiques, de dire aux négociateurs ce qu'ils doivent faire. Nous ne faisons que présenter les preuves ici", mais même à 1,2°C de réchauffement planétaire, "nous constatons déjà des augmentations des risques", a souligné Maarten van Aalst, directeur du Centre climat de la Croix-Rouge internationale.
"Cela montre aussi très clairement que ces impacts ne sont pas futurs, ils se produisent aujourd'hui: nous avons donc besoin de ces solutions de financement", a-t-il ajouté.