Des mille-pattes sont menacés d'extinction en France: voici pourquoi c'est une mauvaise nouvelle

Un mille-pattes Lithobie bariolé, "Lithobius variegatus", espèce placée comme "quasi menacée" lundi 17 juin 2025. - Antoine Racine
Outre les papillons, les abeilles et les libellules: des espèces moins visibles (et moins mignonnes) sont elles aussi en danger d'extinction. Ce mardi 17 juin, L'Union internationale pour la conservation de la nature a publié une nouvelle version de sa liste rouge des espèces menacées en France.
"Le bilan dressé est préoccupant: une espèce sur cinq de mille-pattes dit 'chilopodes' et une espèce sur trois parmi les insectes de l’ordre des 'perles' se révèlent menacées dans l’Hexagone", explique l'UICN dans un communiqué, après s'être penchée sur les "espèces méconnues de la faune de France".
Les premiers vivent principalement dans les espaces forestiers, les grottes ou les plages. Invisibles, ils se nichent sous les pierres ou sous du bois mort. Tandis que les perles, elles, bien que vivant sur terre, voient leur sécurité liée aux cours d'eau, puisque leurs larves se développent dans les rivières ou les sources.
Si ces êtres minuscules nous sont inconnus, ils restent importants. "Ces espèces renseignent sur la qualité de leurs milieux. Ce sont des témoins extrêmement sensibles à la qualité de leur habitat naturel. La moindre perturbation comme des variations d'humidité, d'acidité, de température ou des pollutions peuvent mener à leur déclin puis à leur disparition", explique à BFMTV.com Florian Kirchner, responsable "espèces" au comité français de l'organisme.

Mais pourquoi un déclin de ces bestioles? D'un côté l'activité humaine vient perturber leurs milieux. Surexploitation forestière, "nettoyage mécanique des plages" ou intervention humaine dans le circuit de l'eau expliquent en partie ces difficultés.
L'autre facteur déterminant: l'effet profondément néfaste du dérèglement climatique. "Ce sont des espèces témoins du changement climatique, elles subissent de plein fouet ses effets", explique Florian Kirchner. Les températures de plus en plus chaudes lors de la saison estivale, le réchauffement progressif des eaux ou la montée du mercure dans les zones montagneuses pèsent sur la survie de ces arthropodes.
"Il y a toujours des conséquences en cascade"
La disparition de ces espèces aujourd'hui menacées pourraient mener à un effet papillon problématique. Dans ces écosystèmes, chaque créature a son rôle dans une partition millimétrée ou le moindre manquement peut s'avérer dangereux.
"Il faut dézoomer car lorsqu'on s'intéresse à des groupes en particulier, les conséquences en cascade sont toujours plus larges. Ces espèces sont dans un écosystème et sont liées à quantités d'autres espèces", éclaire le spécialiste.
Les mille-pattes par exemple servent à "réguler les petits invertébrés qui vivent dans le sol" et jouent un rôle dans leur régénération. La réduction du nombre d'individus, voire pire leur disparition, entraînerait des conséquences graves et difficiles à saisir.
Le placement sur liste rouge doit ainsi servir de "signal d'alerte" dans l'objectif d'identifier les situations les plus urgentes "et déclencher des actions pour préserver les espèces". Protéger les environnements, limiter les effets du dérèglement climatique... Ce que les insectes ne pourront pas faire d'eux même.