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Climat

Climat: le prochain diagnostic du Giec toujours plus inquiétant

Le mont Everest en 2009.

Le mont Everest en 2009. - -

Six ans après leur dernière prévision et leur prix Nobel, les experts du Giec dévoileront la semaine prochaine leurs nouvelles prévisions. Malgré une pause dans la hausse des températures, les prévisions de montée de la mer et de fonte des glaces sont encore plus alarmantes qu'en 2007.

Hausse des températures, montée de la mer, fonte des glaces... Six ans après leur dernier diagnostic sur le réchauffement, les experts du climat du Giec vont présenter la semaine prochaine leur nouvel état des lieux, une piqûre de rappel toujours plus alarmante en vue de l'accord sur le climat attendu en 2015.

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) va, avec ce cinquième rapport, livrer le diagnostic le plus complet sur le réchauffement, les impacts attendus et les moyens d'y faire face.

La responsabilité de l'homme mais aussi l'intensification de certains événements extrêmes seront confirmés et la montée attendue du niveau de la mer revue à la hausse, selon une version provisoire du résumé du premier volume, rendu public le 27 septembre à Stockholm mais dont l'AFP s'est procuré un résumé.

"La crise s'est aggravée"

Le document, écrit par quelque 250 scientifiques, va (re)mettre en lumière l'urgence d'agir pour espérer contenir le réchauffement à +2°C depuis l'ère pré-industrielle, un objectif adopté par les 195 pays négociant sous l'égide de l'ONU mais qui semble de moins en moins réalisable.

"Le Giec est la première pierre sur laquelle le mouvement climatique et sur laquelle toute la politique climatique repose. Cela va devenir le nouveau guide stratégique, comme l'avait été le quatrième rapport" publié en 2007, estime Tim Nuthall, de la Fondation européenne pour le climat.

En 2007, le Giec avait suscité une mobilisation sans précédent autour du climat, décrochant le prix Nobel de la Paix avec l'ancien vice-président américain Al Gore. Pour ce dernier, depuis 2007, "la crise s'est aggravée", jugeant que "les événements météorologiques extrêmes liés à la crise climatique sont devenus trop massifs et trop fréquents pour être ignorés".

Quatre scénarios possibles pour la fin du siècle

"On répète toujours la même chose... C'est la force de notre communauté, mais c'est aussi parfois pourquoi on lasse", souligne le glaciologue Jean Jouzel, membre du bureau du Giec. Sur le fond, le Giec synthétise seulement les connaissances déjà publiées et ne fera donc que confirmer la réalité du réchauffement avec déjà plus de 0,8°C d'augmentation en moyenne depuis le début du XXe siècle.

Dans son rapport, le Giec présente quatre scénarios possibles pour la fin du siècle, plus ou moins "réchauffant" en fonction des gaz à effet de serre qui seront émis dans l'atmosphère. Un seul permettrait de tenir la cible des 2°C. Les trois autres ratent cette cible avec, pour le pire d'entre eux, un réchauffement possible de 2,6°C à 4,8°C.

L'existence d'une "pause" dans la hausse des températures depuis quinze ans ne remet pas en cause les projections à long terme, a rappelé cet été le service britannique de météorologie. D'autant que les autres indicateurs du réchauffement, eux, ne faiblissent pas, comme la hausse du niveau de la mer, la fonte des glaces en Arctique ou la fréquence des vagues de chaleur.

L'ambition d'être irréprochable

A partir de lundi, le résumé de ce premier volet va être approuvé ligne par ligne par les représentants des quelque 195 pays membres du Giec. Les deux volets suivants du cinquième rapport (sur les impacts attendus et les moyens de les atténuer) sont attendus au printemps 2014 avant une synthèse globale en octobre 2014.

Avec l'ambition, pour le Giec, d'être cette fois irréprochable. En 2007, quelques erreurs avaient été utilisées par les climato-sceptiques pour remettre en cause la crédibilité d'un réseau qui a depuis réformé certaines procédures pour éviter, selon les termes de Jean Jouzel, "l'erreur stupide".

Marc Pédeau avec AFP