BFM CLIMAT
Climat

Antarctique: le plus grand iceberg du monde s'est échoué au large d'une île riche en faune sauvage

L'iceberg A23a pris en photo lors d'une expédition scientifique le 19 janvier 2024

L'iceberg A23a pris en photo lors d'une expédition scientifique le 19 janvier 2024 - Richard Sidey / EYOS Expeditions / AFP

Détaché de l'Antarctique dans les années 1980, l'iceberg A23a se dirigeait lentement depuis décembre 2024 vers l'île britannique de Géorgie du Sud, faisant craindre aux scientifiques pour la faune locale.

Le plus grand iceberg du monde s'est échoué dans les eaux peu profondes au large d'une île britannique dans l'Antarctique, a indiqué dans un communiqué ce mardi 4 mars le British Antarctic Survey.

Il s'est immobilisé arrêté à plus de 70km, ce qui pourrait permettre d'éviter une collision redoutée avec une zone majeure de reproduction de la faune et de la flore.

"Les eaux plus chaudes, combinées à l’action des vagues et des marées, entraîneront la fragmentation de cette immense étendue de glace en icebergs plus petits, qui finiront par fondre", écrit ce mardi le groupe de chercheurs du British Antarctic Survey.

La route empruntée par l'iceberg A23a depuis le 17 janvier 2025, immobilisé depuis le 1er mars 2025 au large de l'île britannique de Géorgie du Sud.
La route empruntée par l'iceberg A23a depuis le 17 janvier 2025, immobilisé depuis le 1er mars 2025 au large de l'île britannique de Géorgie du Sud. © British Antarctic Survey

Pas de conséquences négatives "significatives" sur la faune

Détaché de l'Antarctique dans les années 1980, l'iceberg A23a se dirigeait depuis plusieurs semaines vers cette île de Géorgie du Sud. Les scientifiques craignaient que des morceaux géants de glace perturbent ou bloquent les accès des otaries et autres animaux de l'île à l'océan pour se nourrir, de même que les navigations des pêcheurs de l'île.

"Si l'iceberg reste au sol, nous ne nous attendons pas à ce qu'il affecte de manière significative la faune locale de Géorgie du Sud", précise ce mardi le Dr Andrew Meijers, océanographe au British Antarctic Survey.

Il se pourrait même que "les nutriments soulevés par l’échouage et par sa fonte pourraient accroître la disponibilité de nourriture pour l’ensemble de l’écosystème régional, y compris pour les manchots et les phoques". Des études vont être menées à cet égard.

Le plus gros iceberg du monde est-il un signe du changement climatique?
Le plus gros iceberg du monde est-il un signe du changement climatique?
3:02

En outre néanmoins, la présence de l'iceberg A23a au large de l'île pourrait potentiellement perturber le déplacement de ces animaux "vers les sites d’alimentation et forcer les adultes à dépenser plus d’énergie pour le contourner", précise le British Antarctic Survey.

Un monstre de glace à la dérive

Le scientifique indique toutefois que cette situation "pourrait rendre les opérations de pêche dans la région à la fois plus difficiles et potentiellement dangereuses".

En effet, lorsque l'iceberg est entier, il est facilement repérable et donc évitable pour les navires. "Cependant, à mesure que l’iceberg se fragmente au fil du temps, les plus petits icebergs sont beaucoup plus difficiles à suivre", explique Andrew Meijers.

Pour l'heure, selon les images satellite, l'iceberg ne s'est pas encore brisé et a conservé sa structure. D'une taille de 3.800km² -soit la superficie approximative du Tarn-et-Garonne- et d'une épaisseur de 400 mètres, cet immense bloc de glace est le plus grand du monde.

Baptisé A23a, il a commencé à dériver vers le nord en 2020, avant d'être pris dans un vortex qui l'a fait tourner sur lui-même. Il s'en est dégagé en décembre dernier et a repris sa course vers le nord.

Salomé Robles