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Un fossé qui se creuse entre la réalité et les annonces: les véhicules hybrides rechargeables émettraient 5 fois plus de CO2 que ce que disent les constructeurs

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Les voitures hybrides rechargeables émettent cinq fois plus de CO2 en conditions réelles que les résultats des tests officiels, alerte l'ONG Transport & Environnement alors que les constructeurs souhaitent que ces véhicules puissent toujours être proposés à la vente après 2035.

Les véhicules hybrides rechargeables sont une nouvelle fois pointés du doigt pour ne pas être aussi vertueux que ce qui est présenté par les constructeurs. Les émissions de CO2 de ces modèles appelés aussi PHEV (plug-in hybrid electric vehicle) sont en effet cinq fois supérieures aux résultats obtenus lors des tests officiels, relève l'ONG Transport & Environnement (T&E) dans une note publiée ce mercrdi 10 septembre.

"Un fossé qui ne cesse de s'agrandir"

"Même si les constructeurs assurent que la technologie de ces véhicules s’améliore, le fossé entre la réalité et le cycle WLTP ne cesse de s’agrandir", souligne T&E, précisant que "ces mêmes constructeurs font actuellement pression sur l’Union européenne pour qu’elle renonce à changer la méthode de calcul des émissions des hybrides rechargeables".

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En 2021, les données de l'Europe analysées par l'ONG montraient que les émissions réélles étaient 3,5 fois plus élevées que les émissions WLTP, 4 fois plus en 2022 et 5 fois plus donc en 2023. Une norme d'homologation WLTP qui permet plutôt de comparer les véhicules entre eux, mais ne reflètent pas vraiment la réalité: sur un panel de 127.000 voitures hybrides rechargeables immatriculées en 2023 et équipées de capteurs, on mesure ainsi des moyenne à 139 g/km de CO2, contre 28 g/km lors des tests.

"La norme WLTP actuelle (avant la révision prévue en 2025) fait l’hypothèse que les hybrides rechargeables sont conduits plus de 80% du temps en mode électrique. Les données des capteurs indiquent qu’en réalité, cette part est en moyenne de 26%, d’où l’écart énorme sur les émissions de CO2", explique T&E.

Une "exception PHEV" en 2035?

Si la batterie n'est pas rechargée, elle consitue un poids mort et le véhicule, peu utilisé en mode zéro émission, consomme davantage de carburants.

"Les voitures hybrides rechargeables sont essentiellement achetées par des entreprises pour leurs cadres, or ces cadres n'ont pas forcément la possibilité de brancher la voiture ou l'envie de rouler en mode électrique", explique à BFMTV Pierre-Olivier Marie, rédacteur en chef du site spécialisé Caradisiac.

Depuis le début de l'année, la part de marché des hybrides rechargeables est de 8,6% en Europe et de 6,1% en France. Ce sont plutôt les hybrides non-rechargeables qui connaissant un succès important ces derniers mois, avec une part de marché de 44,8% par exemple en France de janvier à août 2025.

Une réunion importante doit se tenir ce vendredi 12 septembre à la Commission européenne avec les représentants du secteur automobile. Certains constructeurs, réticents sur l'objectif d'interdiction des ventes de voitures thermiques neuves à partir de 2035, souhaiteraient en effet que ces voitures hybrides rechargeables bénéficient d'une dérogation.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto