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Interdiction de ventes des voitures thermiques neuves en 2035: les opérateurs de recharge craignent un "revirement" de l'Europe

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Alors que l'Europe pourrait accorder une dérogation pour les hybrides rechargeables, l'association française des opérateurs de recharges insiste pour garder le cap sur des ventes uniquement autorisées pour les voitures 100% électriques à partir de 2035.

L'association française des opérateurs de recharges de voitures électriques, Charge France, s'est dite inquiète de possibles "revirements" à Bruxelles sur l'interdiction européenne de vendre des voitures thermiques neuves, prévue en 2035, craignant que les voitures hybrides rechargeables bénéficient d'une dérogation.

Des hybrides rechargeables pas si verts

"Sous couvert de neutralité technologique" -principe qui veut que la loi n'impose pas une technologie en particulier mais plutôt un objectif de réduction de CO2-, "certains constructeurs automobiles poussent pour qu'on renonce à l'objectif d'interdiction des véhicules thermiques en 2035 en acceptant l'hybride rechargeable", a déclaré ce jeudi 4 septembre Aurélien de Meaux, dirigeant de l'opérateur de recharge Electra et président de Charge France, qui regroupe les acteurs clé du secteur en France (Engie Vianeo, Powerdot, Fastned, Allego, Driveco, Ionity, Izivia et Atlante, en plus d'Electra).

Les voitures hybrides rechargeables sont des véhicules qui possèdent à la fois un moteur essence et un moteur électrique, avec des batteries que leur propriétaire peut recharger comme pour une voiture électrique, ce qui permettrait de diminuer leur empreinte écologique.

Or, selon Aurélien de Meaux, les propriétaires de ces voitures hybrides "rechargent beaucoup moins que ce que les constructeurs avancent pour leur calcul d'émissions de gaz à effet de serre des véhicules", car ils préfèrent utiliser leur moteur essence.

Charge France et le cabinet BCG, auprès duquel l'association a commandé une étude, assurent que les voitures hybrides rechargeables ne roulent à l'électrique que 45 à 50% du temps, voire 10 à 15% pour les flottes d'entreprise. Une critique qui revient régulièrement sur cette motorisation.

"Au lieu d'être à 30g de CO2 par kilomètre, on serait plutôt à 120 ou 150g" pour ces voitures, a assuré Aurélien de Meaux lors d'une conférence de presse. D'autant que les hybrides rechargeables, avec leurs lourdes batteries, consomment davantage qu'une voiture essence plus légère.

Clause "de revoyure" en 2026

Le Parlement européen a approuvé en 2022 l'interdiction à partir de 2035 de la vente de voitures neuves à essence ou diesel, hybrides comprises, dans l'Union européenne.

Mais une clause "de revoyure" a été fixée pour 2026 afin de faire un premier état des lieux et éventuellement apporter des ajustements au texte.

Pour Aurélien de Meaux, si une dérogation était introduite, "les constructeurs automobiles européens investiraient trop dans l'hybride rechargeable au détriment de l'électrique, ce qui leur posera des problèmes de compétitivité face aux constructeurs chinois".

Des recommandations pour garder le cap électrique pour 2035

Une étude de Charge France réalisée par le Boston Consulting Group (BCG) vient ainsi rappeler que "la trajectoire européenne vers l'automobile électrique est largement engagée".

"Au premier semestre 2025, les ventes de véhicules 100 % électriques ont progressé de 24% par rapport à 2024, et les projections établissent qu’ils représenteront entre 90 et 100% des immatriculations neuves en 2035 si la réglementation européenne (CAFE) reste inchangée", note ce document, qui ajoute que "près de 60% des Européens se déclarent prêts à choisir un véhicule électrique pour leur prochain achat".

Le passage au 100% électrique réduirait aussi fortement la demande en pétrole, une source d'économie importante à l'échelle du continent:

"L’électrification du parc permettrait de réduire de 15% les importations européennes de pétrole d’ici 2035, soit une économie annuelle de 40 à 45 milliards d’euros", estime le BCG.

Dans ce contexte, Charge France fait quatre recommandations pour rester en ligne avec l'objectif 2035, tout d'abord garantir que seuls les véhicules 100% électriques pourront être vendus à partir de cette date.

Il faudrait également cibler les aides sur l'électrique (quand certaines subventions peuvent encore encourager l'achat de thermiques/hybrides), "valoriser le gain economique et environnemental induit" (en affichant plus clairement les économies réalisables en passant à l'électrique) et accompagner la transformation de la filière automobile européenne.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto