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Brebis tuées, loups abattus: derrière la polémique, la guerre des chiffres

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- - Mark Kent / Flickr

INFOGRAPHIE - Le maintien du plafond à 40 loups abattus en 2018 ne devrait pas calmer la guerre passionnelle entre éleveurs et associations écologistes. Mais derrière la polémique, les chiffres: à combien sont estimés les dégâts causés par le prédateur? Quel est l'impact des prélèvements sur la population de loups?

L’exécutif a publié ce lundi son plan loup pour la période 2018-2023. Il maintient le plafond d’abattage à 40 loups, ce qui ne devrait satisfaire aucun des deux camps. En effet, les éleveurs ont manifesté à plusieurs reprises pour une hausse de ce plafond, tandis que les "pro-Loups" estimaient déjà que 40, c’est trop.

Si d'un côté les éleveurs vivent désormais dans la crainte quotidienne de découvrir leurs brebis égorgées au petit matin; de l'autre, les protecteurs de l'environnement s'inquiètent de l'impact des tirs de prélèvement pour la préservation de l'espèce, qui avait déjà été totalement éradiquée de France le siècle dernier.

Pour mieux comprendre une situation qui s'envenime année après année, voici quelques chiffres.

Près de 10.000 victimes du loup en 2016

En 2016, le loup a attaqué 9.881 animaux d'élevage, contre 8.973 en 2015 et 8.577 en 2014. Le gouvernement a déversé l'an passé 3,2 millions d'euros d'indemnisations aux éleveurs. Le département des Alpes-Maritimes concentre à lui seul un tiers des victimes, avec 1,1 million d'euros de dommages constatés. Pour rappel, un expert doit confirmer que l'incident est bien lié à un loup pour être indemnisé.

Un bilan qui ne chiffre cependant pas le dommage psychologique subi par les éleveurs, pouvant pousser certains à abandonner leur activité.

La filière ovine est la principale concernée par la prédation du loup. Cependant, cet animal opportuniste ne s'intéresse pas qu'aux brebis. Toujours en 2016, le loup a attaqué 453 chèvres, 113 bovins et 15 chevaux.

100 loups morts en 2 ans

En réponse à cette prédation, l'Etat autorise chaque année un certain nombre d'abattements légaux, malgré le statut de protection de l'espèce. Le plafond de 34 a été relevé à 40 en 2016, provoquant la grogne des associations environnementales. Un quota qui n'évolue donc pas pour 2018. Ce plafond pourra toutefois être être porté à 10% de la population en 2019, une fois que les experts auront actualité le nombre de loups vivant en France.

Selon l'ONCFS, les prélèvements font stagner la population des loups depuis 2013. Les abattages légaux "correspondant à une probabilité d'environ 40% que la population diminue".

Effectif du loup et prélèvement légaux
Effectif du loup et prélèvement légaux © -

A ces tirs, il faut rajouter les disparitions liées aux braconnage ou à des causes externes. De juillet à juin 2016, l’association Cap Loup a par exemple comptabilisé 2 loups braconnés et 6 morts de causes naturelles ou non élucidées. Ainsi, ces deux dernières années, environ 100 loups sont morts.

Pour rappel, une louve donne naissance de 4 à 8 louveteaux. L'hiver dernier, la population lupine a été évaluée à 360 individus selon les chiffres officiels de l'ONCFS. Une estimation plus précise est cependant impossible: elle dépend des traces d'urines ou de poils. Une chose est certaine, le loup gagne du terrain en France depuis 40 ans, et sa réapparition.

Emeline Gaube