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600 dauphins se sont échoués dans le golfe de Gascogne depuis le début de l'année

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"Devenus maintenant une habitude, les échouages de petits cétacés le long de la façade atlantique battent leur plein depuis le début de l’année 2020", écrit l'observatoire Pelagis, chargé de l'observation pour la conservation des mammifères et oiseaux marins.

Depuis le début de l'année 2020, plus de 600 carcasses de cétacés (en grande majorité des dauphins) ont été retrouvées échouées sur les plages du golfe de Gascogne, rapporte l'observatoire Pelagis, chargé de l'observation pour la conservation des mammifères et oiseaux marins, au Parisien.

Le dernier weekend, celui du 15-16 février, a été particulièrement meurtrier, "le pire depuis le début de l'année", rapporte une biologiste de l'observatoire au quotidien. "Hécatombe de dauphins en France", titre de son côté Sea Shepherd, ONG de protection des écosystèmes marins.

Vers une année record du nombre d'échouages?

"Devenus maintenant une habitude, les échouages de petits cétacés le long de la façade atlantique battent leur plein depuis le début de l’année 2020", écrivait déjà dans un communiqué daté du 14 février l'observatoire Pelagis.

2020 est en effet partie pour battre les tristes records de 2019. L'année dernière à la même époque, 470 cadavres avaient été décomptés, ce qui était déjà un chiffre supérieur à celui de 2018 rapporte Le Parisien. De janvier 2019 à avril 2019, en tout, 1231 cétacés (dont 1066 dauphins) ont été retrouvés échoués le long de la façade atlantique, selon les chiffres de l'observatoire Pelagis.

Comme le note Sea Shepherd, le bilan estimé du nombre de dauphins morts en 2019 est bien plus élevé, de l'ordre de 11.500 individus. Le Parisien donne le même, soulignant qu'en réalité, les dauphins échoués sur nos côtes ne sont qu'une petite portion du nombre de morts, car "plus de 80% des dépouilles disparaissent en mer sans laisser de traces".

"La grande majorité de ces animaux sont des dauphins communs, la plupart avec des traces compatibles avec la mort dans les engins de pêche", écrit l'observatoire Pelagis au sujet des dauphins échoués de cet hiver. "Le long des côtes atlantiques françaises, les dauphins communs sont les plus abondants mais aussi les plus exposés aux interactions avec les pêcheries", note encore l'organisme.

Les techniques de pêche mises en cause

La technique du chalut pélagique, utilisée en France, consiste à remorquer un large filet entre la surface et le fond des eaux, qui capture des bans de poissons ciblés. "Des cétacés peuvent être accidentellement capturés", note l'Ifremer (Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer). Ces derniers peuvent se noyer, ou mourir des suites de blessures provoquées par la capture.

"Depuis 2016, les estimations restent très élevées, puisqu’en moyenne durant les quatre dernières années 7800 dauphins communs ont été estimés capturés accidentellement dans le golfe de Gascogne", écrit l'observatoire Pelagis.

Le Comité national (CNPMEM) des pêches constate de son côté "au quotidien une augmentation de la présence de cétacés sur les zones de pêche". Selon lui, les "dauphins communs et les bars et merlus recherchés par les pêcheries concernées se nourrissant des mêmes proies, il en résulte au début de chaque année une interaction spatiale entre les engins de pêche et les dauphins communs".

Quelles solutions?

Le CNPMEM assure agir, et met en avant les solutions mises en place par les pêcheurs, notamment les pingers. Il s'agit d'un système qui émet des signaux acoustiques ayant pour but d'éloigner les cétacés des chaluts, et donc de réduire les captures accidentelles.

Les chaluts pélagiques ne seraient "responsables que de 3,5% des captures accidentelles de dauphins", explique le CNPMEM dans un communiqué faisant suite à la pêche accidentelle de deux dauphins en janvier 2019. Il ajoute que "tous les chalutiers pélagiques sont équipés en pingers, ce qui a permis une baisse significative de ces captures accidentelles, de l’ordre de 65% selon les scientifiques".

Le système est toutefois caractérisé "d'inefficace" par Sea Shepherd, qui note la continuelle augmentation des échouages de dauphins, et parle de "carnage sur une espèce protégée au niveau national et européen, au nom d’une activité économique". L'ONG appelle à "interdire les méthodes de pêches non sélectives et destructrices".

Salomé Vincendon