Un tableau spolié de Pissarro au cœur d'une bataille judiciaire

Un tableau de Pissarro est au cœur d'une querelle judiciaire, qui oppose Jean-Jacques Bauer, dont le grand-père, un collectionneur juif, a été spolié de ses biens pendant la guerre, aux actuels propritétaires du tableau.

Le tableau du peintre impressionniste Camille Pissarro, Une fileuse, intérieur breton, Montfoucault, est au cœur d'une bataille judiciaire qui se déroule à Meaux à partir de ce mercredi. Elle oppose Jean-Jacques Bauer, petit-fils d'un collectionneur spolié pendant la guerre par le régime de Vichy pour le compte des nazis, à la famille Mullot, qui possède aujourd'hui le tableau et souhaite s'en défaire, et le commissaire priseur qui allait effectuer la vente.

Selon Le Parisien, qui relate l'affaire ce mercredi, tout a commencé en 2019, lorsque les Mullot ont décidé de se séparer du tableau, dans le cadre d'une succession. Jean-Jacques Bauer, qui est à la recherche des tableaux confiqués à son grand-père en 1943, pendant la guerre, repère l'œuvre et entreprend de la récupérer.

Propriétaires américains

De leur côté, les Mulot assurent que le tableau est dans leur famille depuis 1912, ce que réfute l'avocat de Jean-Jacques Bauer, arguant de l'absence de facture et de contrat d'assurance.

Ce n'est pas le premier tableau spolié à son grand-père que Jean-Jacques Bauer récupère. Il a déjà gagné en 2017 un procès contre les propriétaires américains d'un autre tableau de Pissarro, Le Cueillette des pois, qui lui a été restitué à l'issue d'un procès. Le tableau, disparu depuis 50 ans, avait été acheté aux enchères en 1995, puis exposé au musée Marmottan.

"Ce n'est pas pour sa valeur, c'est pour ce qu'il représente comme symbole pour moi", avait -il expliqué en 2019 à France 3. "Ca représente mon grand-père, mon père, et tout ce que nous avons vécu depuis 1939".

Simon Bauer, le grand-père de Jean-Jacques Bauer, possédait une collection de 93 œuvres, essentiellement des tableaux impressionnistes d'Edgar Degas, Berthe Morisot, Alfred Sisley, Eugène Boudin ou encore Camille Pissarro. Interné à Drancy en 1944, Simon Bauer a échappé à la déportation. Il est mort en 1947. Son petit-fils avait alors 16 ans. Il n'a de cesse, depuis, de retrouver les tableaux de son grand-père.

Magali Rangin