Prêt-à-porter: un hiver minimal chic en attendant la reprise

Modèle Hermès imaginé par Jean-Paul Gaultier. Au terme de neuf jours de défilés de prêt-à-porter, marqués par la récente disparition d'Alexander McQueen, Paris a dégagé une silhouette minimaliste, composée de valeurs sûres, comme un trait d'union avant un - -
par Mathilde Gardin et Sophie Hardach
PARIS (Reuters) - Au terme de neuf jours de défilés de prêt-à-porter, marqués par la récente disparition d'Alexander McQueen, Paris a dégagé une silhouette minimaliste, composée de valeurs sûres, comme un trait d'union avant une véritable reprise attendue sur le marché du luxe pour 2011.
Après New York, Londres et Milan, les 89 griffes présentes dans le calendrier officiel parisien ont pris le parti d'un luxe intemporel, symbolisé par l'omniprésence de la fourrure et du cuir.
"La meilleure nouvelle de la saison est que chaque créateur a fait ce qu'il sait particulièrement bien faire", résume Glenda Bailey, rédactrice en chef du magazine britannique féminin Harper's Bazaar.
"C'est une très bonne nouvelle pour la mode mais aussi et surtout pour les consommateurs parce que cela se traduit par des vêtements portables et désirables qui répondent vraiment à un besoin", a-t-elle expliqué à Reuters.
Sur les podiums, la tendance est au cuir et aux coupes masculines, comme chez Hermès ou chez Celine. La deuxième collection de Phoebe Philo pour la griffe de LVMH a donné le ton de la saison: minimalisme tout en contrôle avec une influence sportswear et la fin annoncée du mini.
Cette mode tolère peu l'excentricité, sauf si elle est signée Karl Lagerfeld pour Chanel. Seul défilé-spectacle de la semaine, Chanel a fait venir un iceberg sous la verrière du Grand Palais pour présenter ses femmes-yétis, en (fausse) fourrure de la tête aux pieds.
Si le vert est la couleur de l'espoir, le message est clair. Prudents et au plus près de leurs codes maisons, les créateurs ont décliné le vert à l'envi, comme chez Dior et ses cavalières libertines.
ENGOUEMENT POUR LES ACCESSOIRES
Selon une étude du cabinet Bain & Co sur le secteur du luxe, le marché mondial devrait connaître une timide reprise cette année après une baisse moins forte que prévu en 2009. Le véritable redémarrage est attendu pour 2011.
Mais les ventes de sacs, chaussures et accessoires devraient mieux résister. L'accessoire permet de mettre un pied dans le luxe et surtout de renouveler sa garde-robe à des prix plus accessibles.
Conscient de cet engouement, le Printemps Haussmann, à Paris, consacre depuis plus d'un an un espace dédié aux accessoires et aux marques de luxe qui réalise un tiers du chiffre d'affaires du magasin, selon Catherine Newey, directrice du marché accessoires et luxe du Printemps.
"On le sent de plus en plus, les accessoires prennent le pas sur la silhouette. L'accessoire donne maintenant le ton", dit-elle. Les créateurs l'ont bien compris, multipliant les petits objets de désir, comme les sacs glaçons chez Chanel ou les colliers plastrons chez Lanvin.
"On constate un retour aux valeurs originelles des marques sur le prêt-à-porter et la maroquinerie avec des volumes cohérents", a ajouté Catherine Newey lors d'une interview accordée à Reuters.
C'est le cas notamment de Marc Jacobs pour Louis Vuitton qui, après les besaces oversized de l'été, revisite la saison prochaine le "Speedy", sac iconique du maroquinier, ou de Dior qui relance à grands coups de communication le sac "Lady Dior".
LES ADIEUX À ALEXANDER MCQUEEN
Alors que le monde de la mode se résigne à l'absence de la maison Christian Lacroix, restée sans repreneur après son plan de redressement, il a fallu cette saison faire ses adieux à Alexander McQueen, qui s'est donné la mort il y a tout juste un mois, le 11 février, à son domicile londonien.
Le groupe PPR, propriétaire de la maison du couturier britannique, a préféré annuler le défilé prévu le 9 mars et organiser une présentation privée, réunissant quelque 70 invités.
Le rendez-vous, qui a tourné à la veillée funèbre, a réuni des assistants retenant leurs larmes et des journalistes prostrés dans le silence devant une collection dessinée et presqu'entièrement réalisée par Alexander McQueen s'inspirant des grands maîtres de la peinture.
Si la pérennité de la griffe est assurée, on ignore encore le nom du créateur qui prendra la relève.
En revanche, personne ne devrait succéder à Lindsay Lohan chez Emmanuel Ungaro, où la starlette avait été nommée en septembre conseillère artistique aux côtés d'Estrella Archs.
Après une première collection très mal accueillie en octobre, la styliste britannique a assuré après le défilé que la starlette n'avait pas collaboré à la nouvelle collection, plus subtile que la première, en pantalons léopard et robes bijoux colorées.
Avec Pascale Denis, édité par Gilles Trequesser