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Mercier : « Je lis dans le sourire des hommes »

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Isabelle Mercier est championne de poker. Surnommée "No Mercy" pour son agressivité à la table, elle révèle quelques trucs et astuces pour déstabiliser ses adversaires : séduction, observation et lecture du jeu.

J-J B : « No mercy » ça veut donc dire sans pitié ...
I M : C'est vrai mais ça reste à la table de poker.

J-J B : Pourquoi est-ce qu'on vous appelle « no mercy » ? On dit que vous avez un style très agressif...
I M : Justement, c'est de là qu'est venu le surnom.

J-J B : Vous êtes sans arrêt en attaque ?
I M : La plupart du temps, mais ce n'est pas sans arrêt.

J-J B : Qu'est ce que vous faites pour les troubler ? Qu'est ce que vous pourriez faire ?
I M : Déjà une tenue vestimentaire un peu sexy. Je vois les serveuses dans les casinos, elles ont souvent des tenues assez incroyables et ça me distrait moi-même, donc j'imagine que les hommes si je suis dans une tenue sexy, à leur table, en train de leur parler, ça peut être distrayant.

J-J B : Il paraît que vous mettez souvent des lunettes noires ?
I M : Non, c'est rare. J'en mets dans certains cas où les matins ont été rapides, je n'ai pas eu le temps de me maquiller et je pars en tournoi.

J-J B : Ce n'est pas pour cacher vos yeux ou votre regard ?
I M : Non et d'ailleurs je pense que les lunettes sont appelées à disparaître.

J-J B : Interdites ?
I M : Oui, ça fait tellement partie du jeu le regard, les yeux, le visage, je ne crois pas qu'on devrait être autorisé à se cacher.

J-J B : Au delà de votre pouvoir de séduction, vous avez des trucs pour déstabiliser les joueurs adverses ?
I M : C'est ce côté un peu rigolo que j'utilise, je chante et je danse et je chante très mal, et ça dérange beaucoup les hommes surtout que c'est mêlé à un côté agressif. Je mets une pression en faisant la fofolle et c'est dur pour le joueur masculin de voir une petite fille qui chante mal et qui relance et qui n'arrête pas en plus. C'est ma stratégie.

J-J B : Vous arrivez à lire sur le visage de certains joueurs ?
I M : Oui, justement, je crois que c'est ma plus grande force, et je crois que c'est dû au fait que j'ai voyagé énormément et toute seule dans ma vie. Donc j'ai dû apprendre à savoir à qui je peux faire confiance.

J-J B : Qu'est ce que vous regardez chez vos adversaires ?
I M : Souvent je vais lire dans le sourire d'un homme, je vais percevoir dans le coin de la lèvre, un petit tremblement par exemple, c'est minime mais on le voit...

J-J B : Et s'il y a un tremblement ça veut dire quoi ?
I M : Niveau de confort pas très haut, vous êtes probablement très inconfortable, et probablement vous n'avez pas une très grosse main.

J-J B : Donc vous leur souriez, vous les attirez dans un piège en fait ?
I M : On joue pour des millions, on va se servir de toutes les armes. C'est pareil pour les autres.

J-J B : Et vous êtes impassible autour d'une table ou vous bougez beaucoup, vous souriez ? Est ce que vous parlez ?
I M : Personnellement oui mais à chacun son style. Je bouge beaucoup, je chante, je danse, c'est ma personnalité. Je m'amuse et ça dérange beaucoup les joueurs à la table.

J-J B : Vous vous habillez d'une certaine manière ?
I M : J'aimerai bien, je pense que ça peut être utile mais il fait trop froid. Je pense que la séduction peut énormément servir.

J-J B : Ça va troubler les joueurs et ça va être l'une de vos forces ?
I M : Peut être, si je peux juste les troubler pendant deux secondes, c'est peut être suffisant. C'est peut être les deux secondes où ils vont manquer de concentration où je vais pouvoir faire un mouv'. Parfait.

J-J B : Vous êtes bluffeuse ?
I M : Un petit peu, mais on n'est pas en mission suicide, ce n'est pas tout le temps, mais oui, en gros c'est un peu ça. Je vais être toujours la personne qui décide combien on mise, combien je relance, à quel moment, donc tous les gens autour sont un peu dans une position défensive.

J-J B : Autour de la table, dans un grand championnat, vous êtes la seule femme la plupart du temps, comment vous regardent les hommes ?
I M : Aujourd'hui, ils me regardent comme un joueur professionnel.

J-J B : Le dernier tournoi c'était quand ?
I M: A Atlantic City, le 30 Janvier.

J-J B : Qu'est ce que ça a donné ?
I M : Ça n'a pas donné un très bon résultat. J'ai joué pendant trois jours et il payait les six dernières tables et j'ai sauté quand on était encore à sept tables, donc juste avant l'argent, ce qu'on appelle la bulle. Décevant, en même temps c'est toujours une expérience.

J-J B : Et le prochain tournoi ?
I M : Je crois que ce sera mi-mars seulement, en Californie.

La rédaction-Bourdin & Co