Leur usine ferme, ils envoient des couches à Carla Bruni-Sarkozy

A l'usine d'Ontex, 187 personnes seront licenciées. - -
Leur usine, spécialisée dans la fabrication de couches, doit bientôt fermer. La production devrait être délocalisée dans plusieurs autres pays d'Europe. Là où le coût des matières premières est moins cher. Résultat : 187 personnes seront licenciées.
« Fabriqué par les 187 futurs licenciés d’Ontex »
Jao Peirera-Afonso est délégué CGT. Les couches qu’ils ont envoyés à Carla Bruni n’étaient pas immaculées : « Sur ces couches on a noté les numéros de 1 à 187, c’est ce qui correspond au 187 licenciements et sur chaque couches on a collé des petits stickers jaune fluo où on a marqué : "fabriqué par les 187 futurs licenciés d’Ontex". L’objectif c’était justement de l’interpeller et qu’elle parle à son mari et qu'il essaye de faire quelque chose parce qu’en fait la situation du site de Villefranche va très bien. L’année dernière on a quand même dégagé 6,6 millions de résultats net. On ne comprend pas pourquoi on ferme encore des sites qui sont encore rentables ».
« J’espère qu’elle va au moins mettre une couche à son enfant »
Maria-Luisa Huerta travaille dans cette usine depuis 6 ans, elle ne se fait pas d’illusions quant aux conséquences de cet envoi : « Vu qu’elle est enceinte, j’espère qu’elle va au moins lire notre petite lettre et au moins ouvrir le carton et pas le foutre à la poubelle. Après, dans le courrier on lui explique que c’est la dernière usine qui fabrique des couches française. J’espère qu’elle va en tenir compte même si je pense que Madame va pas acheter des premiers prix. J’espère qu’elle va au moins mettre une couche à son enfant venue de France ».
« Y’a direction Pôle Emploi là… »
Son avenir de salarié, elle le voit « comme les nuages là : très très gris. Y’a direction Pôle Emploi la… Je vois pas l’avenir. Pas sur Villefranche-sur-Saône, on va tout faire pour mais… Va falloir se déplacer et j’ai un peu la haine de laisser toute ma famille et d’aller chercher du boulot à 400 kilomètres s’il y en a... Je me retrouve dans la merde. Moi je commence à vieillir, à 40 ans voilà… C’est un peu dégueulasse quand on sait que ce groupe va super bien quoi. On est que des numéros finalement ».
« Ça fait 31 ans que me décarcasse dans la boite »
Pierre Lopez travaille depuis 30 ans dans cette usine et cette nouvelle ne le réjouit pas du tout : « Moi je l’ai pris plutôt mal quoi…Parce que ça fait 31 ans que me décarcasse dans la boite pour arriver à tenir mon poste, être polyvalent de partout et puis après à la sortie on vous jette comme un malpropre. C’est très dur. Moi, l’âge, ça me fait 56 ans. Pour retrouver du boulot derrière ce sera dur. Les seniors, ils ne sont pas à la bonne page pour retrouver du boulot derrière. Et c’est pas les bagages qu’on a là. Moi je suis juste opérateur. Après pour retrouver ce sera plus dur. Surtout sur la région lyonnaise, y’a rien ».