"Les Schtroumpfs ne vont jamais fumer, boire ou être violents les uns envers les autres"

- - Peyo - 2017 - Licensed through I.M.P.S (Brussels)
Les Schtroumpfs sont de retour ce mercredi 5 avril au cinéma dans Les Schtroumpfs et le village perdu. Dans ce troisième film consacré aux petits bonhommes bleus créés par Peyo, les Schtroumpfs découvrent l'existence d'un village dont la Grande Schtroumpfette, aux cheveux blancs, est doublée par Julia Roberts! A cette occasion, BFMTV.com s'est entretenu avec Luc Parthoens, directeur artistique et scénariste de trois des cinq histoires du nouvel album des Schtroumpfs, Les Schtroumpfs et le village des filles.
Quel est votre premier souvenir des Schtroumpfs?
La bande dessinée. C’est très ancien. Je pense que cela date des années 1960, dans les recueils du journal Spirou que l’on faisait venir en Afrique [où il a vécu dans son enfance, NDLR]. Cela devait être les premières histoires, Les Schtroumpfs noirs ou Le Schtroumpfissime. Je ne me souviens pas exactement, mais je sais que c’était une série que j’aimais bien quand j’étais petit.
Comment vous êtes-vous retrouvé à travailler dans le studio des Schtroumpfs?
J’ai une formation de BD à l'Institut de Saint-Luc à Bruxelles. J’avais quelques projets que j’ai présenté à des éditeurs. C’était une époque où la BD allait moyennement bien. Quelqu’un qui travaillait dans le studio Peyo m'a proposé de présenter mes dessins à Peyo. J’ai été pris. J’ai travaillé d’abord comme graphiste, puis comme encreur [notamment sur Le Schtroumpf financier, NDLR] et coloriste.
Comme était Peyo?
Je l’ai connu pendant deux ans, entre 1990 et 1992, juste avant sa mort. C’était quelqu’un d’extrêmement professionnel et d'impressionnant. Il avait un métier extraordinaire. Ce fut très important pour moi de le côtoyer et de le voir travailler.
Quel était votre rôle en tant que graphiste?
Gérer la banque d’images. Elle n’était pas encore digitale. On devait créer des produits pour l’édition et le merchandising. On avait à notre disposition quelques personnages dans diverses postures: Schtroumpf à lunettes, Grand Schtroumpf, Schtroumpfette…

Vous écrivez aussi des histoires de Schtroumpfs...
Oui, j’ai commencé un an après mon entrée dans le studio. On devait fournir tous les mois à Schtroumpf magazine des histoires de huit pages. J’avais quelques idées, que j’ai proposées. J’ai travaillé avec Peyo sur certaines de ces histoires courtes. Lorsqu’il nous a quitté, on venait de signer un contrat de six albums avec Le Lombard. Il n’a eu le temps que de réaliser un seul album. Nous avons dû réaliser les autres pour respecter le contrat. J’avais une idée, que j’ai proposé à Thierry Culliford [le fils de Peyo, NDLR]. Elle lui a plu et nous avons travaillé sur les 6 ou 7 albums qui ont suivi.
Comment écrit-on une histoire des Schtroumpfs?
Comme tous les processus créatifs, c’est assez difficile à expliquer. Ce sont souvent des idées qui naissent petit à petit par rapport à quelque chose dans la société humaine qui nous parle et qui serait intéressant à transposer chez les Schtroumpfs. C’est souvent le même canevas qui se déroule dans les histoires: quand il s'agit d'un thématique, on explique comment celle-ci s'intègre dans l’univers des Schtroumpfs - l’argent avec Le Schtroumpf financier, le journalisme dans Le Schtroumpf reporter -, puis on explore les dérives qu’elle peut impliquer dans le microcosme des Schtroumpfs.

Y-a-t-il des interdits, un cahier des charges à respecter?
Ce n’est pas un cahier des charges, mais plutôt une forme d’auto-censure que nous avons, scénaristes comme dessinateurs. Nous essayons de respecter l’univers créé par Peyo. On sait très bien que les Schtroumpfs ne vont jamais fumer, boire ou être violents les uns envers les autres.
Comment savez-vous à quel moment il faut placer le mot ou le verbe “schtroumpf” dans les dialogues?
On essaye de le placer régulièrement pour rappeler que les Schtroumpfs parlent le schtroumpf. Cependant, il ne faut pas que cela impacte la compréhension du texte.
Comment dessine-t-on un Schtroumpf?
L’efficacité du personnage tient à sa simplicité. J’ai vu beaucoup de dessinateurs travailler. Cette simplicité est difficile à atteindre. On a toujours tendance à vouloir humaniser les proportions du Schtroumpf, à l’allonger. Un Schtroumpf est un peu divisé en deux. Les dimensions de la tête et de son bonnet sont identiques à celles du reste de son corps. Sa tête est un ovale, comme un ballon de rugby. Le corps une goutte d’eau et les pieds des haricots. C’est la base d’un Schtroumpf.

Quels sont vos albums préférés des Schtroumpfs?
Le Schtroumpfissime, un album extraordinaire qui contient toutes les qualités que Peyo possédait, soit de raconter une histoire magnifique à plusieurs niveaux de lecture, avec une réflexion sur la prise de pouvoir et la naissance d’un tyran. Mais il y a d’autres histoires qui sont très chouettes, comme Les Schtroumpfs noirs et Le Cosmoschtroumpf, qui est très poétique.
Les Schtroumpfs et le village des filles, tome 1: La Forêt interdite, Alain Jost, Luc Parthoens et Thierry Culliford (scénario), Alain Maury, Jeroen de Coninck, Miguel Diaz et Laurent Cagniat (dessin), 48 pages, 10,95 euros.