La collection Carasso, héritier de Danone, aux enchères à Paris

PARIS - La précieuse collection d'art de Daniel Carasso, discret héritier du groupe Danone décédé l'an dernier à l'âge de 103 ans, est dispersée...

PARIS (Reuters) - La précieuse collection d'art de Daniel Carasso, discret héritier du groupe Danone décédé l'an dernier à l'âge de 103 ans, est dispersée cette semaine lors d'une vente aux enchères à Paris.

Des oeuvres de Fernand Léger, Joan Miro, Claude Monet, Alfred Sisley, Maurice Utrillo et Pierre-Auguste Renoir, mais aussi des pièces de porcelaine asiatique et des meubles à la facture exceptionnelle seront vendus vendredi à Drouot.

Tous ces objets meublaient le domicile parisien de Daniel et Nina Carasso, qui mirent toute une vie à les rassembler.

"Ils ont collectionné après la Guerre avec beaucoup de passion, beaucoup d'engagement. Au-delà de la compétence, il y avait le goût", a expliqué à Reuters Henri-Pierre Teissèdre, directeur de la maison Piasa, organisateur de la vente. "Tout ce qui était susceptible de leur plaire, ils l'achetaient".

Décédé en mai 2009, Daniel Carasso est surtout connu pour avoir fait de Danone le groupe mondial que l'on connaît, aujourd'hui associé à la famille Riboud.

Son père, Isaac Carasso, avait créé en 1919 cette entreprise de yaourts jusqu'alors seulement fabriqués dans les Balkans et au Moyen-Orient. Censés faciliter la digestion, ils furent d'abord vendus en pharmacie, puis en crèmerie.

Le mot "Danon" vient du surnom qu'Isaac donnait à son fils Daniel. Remarquable homme d'affaires, ce dernier a passé sa vie à développer et diversifier avec succès le groupe qui produit chaque année quelque six milliards de pots de yaourt.

C'est un Daniel Carasso plus méconnu, le collectionneur passionné, qui est à l'honneur à Drouot, comme dans cette toile de Fernard Léger estimée entre 700.000 et un million d'euros.

"Les beaux Léger sont rares sur le marché. Celui-ci est superbe, c'est le prototype de la peinture de Léger dans une bonne époque, la composition est idéale", dit Henri-Pierre Teissèdre de cette "Nature morte sur fond jaune".

Parmi les oeuvres remarquables figurent un "Soleil d'automne" de Sisley évalué entre 500.000 et 600.000 euros. Estimation similaire pour une "Etude de joncs" toute dorée, typiquement impressionniste, réalisée par Monet en 1876.

Une "Nymphe aux fleurs" d'Aristide Maillol, statue de bronze ayant servi de modèle aux "Trois grâces" de l'artiste exposées dans le jardin des Tuileries à Paris, côtoie un étonnant "Roi guerrier" de Miro.

"Je ne connais rien de ce monsieur Carasso mais j'admire son goût. Tout est chaleureux ici, rien n'est laid", commente Suzanne Savoldi, venue admirer quatre toiles d'Albert Marquet en vente. "C'est dommage de mourir quand on a de si belles choses".

Elizabeth Pineau, édité par Gilles Trequesser