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Entre rires et larmes, un croque-mort publie ses perles d'enterrement

Dans "Mes sincères condoléances", Guillaume Bailly, croque-mort, raconte ses perles d'enterrement. Ici au cimetière du Montparnasse, le 16 octobre.

Dans "Mes sincères condoléances", Guillaume Bailly, croque-mort, raconte ses perles d'enterrement. Ici au cimetière du Montparnasse, le 16 octobre. - Martin Bureau - AFP

Guillaume Bailly raconte dans Mes sincères condoléances ses perles d'enterrement. Bourdes, dérapages et grands moments d'émotion, son livre bat en brèche les clichés sur la profession de croque-mort.

Mes sincères condoléances: cette formule de politesse, Guillaume Bailly, croque-mort de profession, l’a répété des dizaines de fois aux familles des défunts. Il en a fait le titre de ses mémoires, publiées en octobre aux Editions de l'Opportun, dans lesquelles il raconte ses "perles d'enterrement".

Les anecdotes, franchement drôles ou tristes à pleurer, ne manquent pas: des deux fils qui arrivent saouls à l'enterrement de leur mère à la maîtresse éplorée qui croise la veuve "légitime", en passant par ce frère et cette sœur, manifestement brouillés, qui finissent par se battre au-dessus du cercueil de leur mère.

Un "observatoire parfait de la société"

Il y a aussi cet homme qui déboule sur le lieu d'un incendie où son frère a trouvé la mort. Il prévient l'équipe des pompes funèbres présente sur place: "ce sera une crémation". Puis, très sérieux: "vous me ferez un prix, le travail est déjà bien entamé". 

"J'ai simplement compilé les réactions les plus extrêmes et les boulettes", explique Guillaume Bailly, Brestois de 38 ans, dont la moitié passée à ausculter l'humain à l'heure de la mort. "Croque-mort, c'est l'observatoire parfait de la société," dit-il. 

"Si les morts rentrent chez vous, vous ne tenez pas longtemps"

Dans les 309 pages de "Mes sincères condoléances", il raconte aussi les épreuves qui marquent à vie. Cette dame qui vit depuis des mois avec le corps en décomposition avancée de son mari. Ou la fois où il a dû "arracher un enfant mort des bras de sa mère, qui refusait de le lâcher, pour le mettre dans le cercueil". "Ça, ça reste dans un coin de la tête...", dit-il sobrement, en ajoutant: "si les morts rentrent chez vous le soir, vous ne tenez pas longtemps dans le boulot".

Comme beaucoup de ses collègues, Guillaume Bailly est devenu croque-mort "par hasard", suite à une mission d'intérim, et après avoir enchainé les petits boulots. "Je me suis dit, c'est le métier qui me va". Pour être croque-mort, "il faut de l'empathie et une certaine intelligence de l'émotion", dit-il. "Mais on peut être un sale con et faire ça très bien !".

Six feet under

Le métier et son cortège de fantasmes n'est pas toujours facile à porter. Il y a ces clichés liés à "Six feet under", la série américaine qui raconte le quotidien d'une famille de croque-morts. "Ceux qui deviennent croque-mort à cause de la série ne tiennent pas cinq minutes." Sans oublier les filles qui tournent immédiatement les talons quand vient le moment fatidique où il doit dire ce qu'il fait. Quand il est invité à un dîner, pour éviter la gêne ou les questions gênantes, Guillaume Bailly dit parfois qu'il est "astrophysicien" ou plus simplement "au chômage".

Avec son livre, il espère lutter contre les clichés sur la profession et redorer l’image trop souvent écornée de son métier: "nous ne faisons pas que porter des cercueils, nous accompagnons des familles. Et on ne fait pas de fric sur le malheur des gens quand on gagne 1.400 euros par mois après 15 ans de carrière." 

J.D. avec AFP