Christo et Jeanne-Claude: leurs œuvres emblématiques, avant l'emballage de l'Arc de Triomphe

Les parapluies géants de Christo au Japon, en 1991. - Kazuhiro Nogi - AFP
L'Arc de triomphe empaqueté, inauguré ce jeudi, est la dernière oeuvre imaginée par Christo, disparu en juin dernier. Avant cela, l'artiste contemporain a réalisé, en collaboration avec son épouse Jeanne-Claude (morte en 2009), de nombreuses autres installations tout aussi spectaculaires et parfois décriées, dans le monde entier.
· "Le mur de barils de pétrole", Paris (1962)
L'une des premières oeuvres de Christo et de Jeanne-Claude est un mur de 89 barils de pétrole et d'essence érigé dans une rue de Saint-Germain-des-Prés à Paris. Titrée "Le rideau de fer", cette barricade artistique était leur manière de protester contre le Mur de Berlin construit un an plus tôt.
La mairie de Paris n'avait pas donné son autorisation mais les deux artistes avaient quand même poursuivi leur travail, bloquant la circulation pendant huit heures avant de devoir démonter l'installation.

· Le Pont Neuf emballé en 1985
En 1985, Christo et Jeann-Claude avaient empaqueté le Pont Neuf, à leurs frais, et provoqué, déjà à l'époque, la colère des Parisiens. Il leur avait fallu dix ans pour obtenir l'autorisation d'emballer le pont qui traverse la Seine. Malgré la vive polémique qui entoure le projet, 3 millions de personnes se sont déplacées pour visiter l'œuvre éphémère.

· "L'empaquetage du Reichstag", Berlin (1995)
Enveloppé d'un tissu argenté totalisant 100.000 m², l'empaquetage du parlement allemand, oeuvre emblématique de Christo, n'a pu être réalisé que vingt ans après que l'artiste eut demandé l'autorisation.
Rejetée par Berlin à de nombreuses reprises, l'oeuvre a pu voir le jour après un vote au parlement en 1994. "C'était l'une des plus belles choses que j'ai jamais vues", a dit Christo au quotidien britannique The Guardian en 2017. Visité par des millions de personnes, l'empaquetage a été retiré au bout de deux semaines alors que la ville souhaitait le garder un peu plus longtemps.

· "Les parapluies", États-Unis et Japon (1991)
Près de 3100 parapluies géants ont été ouverts le même jour en Californie et au Japon pour une installation simultanée qui durera 18 jours, après des mois de travail.
Près de la moitié des parapluies mesurant six mètres de hauteur étaient bleus et installés dans la préfecture d'Ibaraki au Japon; les autres en Californie étaient d'un jaune vif. L'installation "reflétait les similarités et les différences de styles de vie et d'utilisation de la terre dans les deux vallées intérieures au Japon et aux États-Unis", avaient expliqué les artistes.
Le magazine en ligne Artsy avait décrit ce travail comme "l'un des plus grands projets sur Terre de notre époque". Mais il a été marqué par deux drames: en 1991, une Américaine est écrasée par un parapluie géant et un ouvrier japonais meurt lors du démontage de ces mêmes parapluies.

· "Les jetées flottantes", Italie (2016)
Créée sur le lac italien d'Iseo, "The Floating Piers", était une installation éphémère longue de trois kilomètres et composée d'un assemblage de 200.000 cubes jaunes en polyéthylène de haute densité installés sur le lac.
Ces passerelles permettaient aux visiteurs d'atteindre l'île de Monte Isola et l'îlot de San Paolo sur le lac, leur donnant l'impression de marcher sur l'eau "ou peut-être sur le dos d'une baleine", avait dit Christo. Cette installation de seize jours a été la première de Christo après la mort de sa femme Jeanne-Claude en 2009, même si les deux l'avaient conçue ensemble et y avaient travaillé depuis 1970.

· "Le Mastaba de Londres" (2018)
L'artiste Christo dévoile sa dernière oeuvre, un mastaba (édifice funéraire égyptien) flottant sur le lac Serpentine, à Hyde Park, à Londres. Une installation monumentale, composée de 7506 bidons en métal, destinée autant à susciter le débat qu'à "stimuler les sens".

"Il n'y a pas de message: c'est à chacun d'y découvrir quelque chose", avait dit Christo à l'AFP.