Bijoux volés au Carlton : le plus dur commence, pour le braqueur

Un homme armé s'est emparé dimanche en pleine journée de plusieurs millions d'euros de bijoux, à l'hôtel Carlton de Cannes. Le butin est estimé à 10 millions d’euros par le parquet, mais d’autres sources font état d’un butin de 40 millions d’euros.

Des millions de bijoux dérobés en plein jour dans un hôtel de luxe de Cannes ! Tout ça par un seul homme. Les faits se sont produits dimanche, dans une aile du prestigieux hôtel Carlton, où se tenait l'exposition « Extraordinary diamonds » de la maison Leviev, société spécialisée dans les diamants. A 11h30, un homme s'est présenté, armé d'un pistolet automatique, le visage dissimulé par « une écharpe ou un bandana », coiffé d'une casquette, alors que plusieurs personnes, dont des agents de sécurité, se trouvaient sur les lieux, selon le parquet de Grasse. « Tout s'est passé très vite et sans violence », a ajouté le parquet, précisant que le voleur est reparti avec plusieurs sacoches de bijoux et montres incrustés de diamants. Le butin est estimé à 10 millions d’euros par le parquet, mais d’autres sources font état d’un butin de 40 millions d’euros. C’est en tout cas un joli coup qui a fortement déplu aux employés du Carlton, qui ont dénoncé lundi « l'insécurité » entourant les expositions de produits de luxe dans le palace.

Braqueur isolé ou filière organisée ?

L'enquête a été confiée à la brigade de répression du banditisme de la police judiciaire de Nice, qui va devoir travailler sur plusieurs scénarios. « La première hypothèse, c'est le bijoutier qui est un escroc et qui, avec l'aide d'un ami, va dérober ses propres pierres, explique Thierry Colombié, chercheur associé au CNRS spécialiste du crime organisé et auteur du livre Stars et Truand. La deuxième, c'est le cas de figure du braqueur isolé qui sait qu'il y a là des bijoux à dérober et qui va faire le braquage seul. Le troisième cas de figure, c'est celui de la filière plus organisée avec le service de sécurité impliqué, puisque c'est lui qui gère l'exposition et qui va savoir comment manipuler les différents obstacles pour y arriver ».

« Le vrai problème après c'est de revendre les pièces »

On pourrait croire le plus dur effectué avec ce vol, mais écouler autant de bijoux est un chemin de croix, selon Thierry Colombié : « Le vrai problème après, c'est de revendre les pièces. Vous passez par un recéleur et c'est là que ça devient compliqué. Le receleur va racheter ces bijoux à hauteur maximal de 20% (de leur valeur, ndlr), parce qu'il va falloir certifier l’exactitude des pierres à chaque fois. Si vous le connaissez ça va aller, mais si vous ne le connaissez pas et que vous êtes pressés de vendre, vous êtes à peu près certain de tomber dans les mailles du filet de la police ».

Plusieurs vols de bijoux à Cannes ces derniers mois|||

D'autres vols de bijoux se sont récemment produits à Cannes et dans la région, notamment durant le festival de cinéma. En mai, un collier de diamants d'une valeur de deux millions d'euros du joaillier suisse De Grisogno a été dérobé lors d'une soirée de prestige au Cap d'Antibes en marge du festival. Quelques jours plus tôt, des bijoux de la maison Chopard, estimés à un million d'euros, ont disparu dans un hôtel Novotel. Ils étaient placés dans le coffre d'une chambre de l'établissement, occupée par une employée américaine du joaillier.

Philippe Gril avec Martin Bodréro