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Culture

"On est content d'avoir tenu": au Festival d'Avignon, la pièce "Le Nid de cendres" se déploie sur 13 heures

La cour d'honneur du Palais des Papes à Avignon prête le 5 juillet 2021 à accueillir le public du festival de théâtre (photo d'illustration)

La cour d'honneur du Palais des Papes à Avignon prête le 5 juillet 2021 à accueillir le public du festival de théâtre (photo d'illustration) - Nicolas TUCAT © 2019 AFP

Les spectateurs passent plus de la moitié de leur journée devant cette épopée, entrecoupée de plusieurs pauses.

"Quelle abnégation!" lance la comédienne au public. "Soit ils sont masochistes", plaisante un autre comédien. Au Festival d'Avignon, une épopée théâtrale intitulée Le Nid de cendres relève le défi de garder assis des spectateurs pendant 13 heures... avec quelques entractes tout de même.

Ce n'est pas une première. En 2018, Julien Gosselin faisait une adaptation de dix heures de trois romans de l'Américain Don DeLillo, et cette année même, le directeur sortant du festival, Olivier Py, monte sa monumentale oeuvre Ma Jeunesse exaltée (10 heures également).

À la Fabrica, une des scènes du festival juste en dehors de la "Cité des papes", le public, resté globalement jusqu'au bout, s'est levé vers minuit pour applaudir bruyamment les 17 comédiens et comédiennes du Nid de cendres, du dramaturge trentenaire Simon Falguières.

"Ils ne sont pas partis!"

Après chacun des quatre entractes et deux pauses, deux comédiens s'extasient- "Ils ne sont pas partis!" - et s'amusent à encourager ou à taquiner l'assistance. Dans cette épopée divisée en sept parties et qui oppose un monde réel à celui des contes, on retrouve un couple qui abandonne son bébé près de la roulotte d'une troupe itinérante de théâtre, puis d'un autre côté, une reine malade - une sorte d'allégorie, un roi et une princesse qui veulent la guérir.

Les deux mondes, séparés par une scénographie différente et efficace, se rejoignent au bout des 13 heures, après une série de péripéties où la fable se mélange aux clins d'œil à l'actualité.

Le public globalement conquis

Malgré des scènes qui pourraient sembler décousues, certains spectateurs interrogés par l'AFP au bout de ce marathon avaient l'air transportés par l'expérience.

"Ce format mérite d'exister; c'est une bonne bizarrerie; j'ai très peu regardé mon téléphone, les infos, les messages, on est un peu hors du temps", affirme Jude Butel-Gans, 23 ans, étudiant en sciences sociales venu de Lyon.

"On est content d'avoir tenu, on se laisse emporter", rit Marie Roux, 45 ans, entraînée dans cette expérience par sa fille Manon, 17 ans, élève au Conservatoire de Paris. "Mais je pense que c'est compliqué que ça se fasse ailleurs qu'à Avignon".

"Je trouve qu'il y a des moments où ça aurait pu être plus creusé mais c'est facile à suivre", commente sa fille. Julie, metteuse en scène venue de Strasbourg, n'a pas du tout aimé le propos, mais nuance: "prendre ce temps-là, d'arrêter nos montres, c'est un beau geste".

B. P. avec AFP