Agriculture : un besoin criant de main d'oeuvre

Le Salon de l'Agriculture ouvre ses portes au public samedi 23 février, jusqu'au 3 mars. 700 000 visiteurs sont espérés cette année. - -
Normandes, Limousines, Charolaises… Les vaches - mais aussi les moutons, les chèvres, les cochons – font leur retour samedi 23 février Porte de Versailles, à Paris, pour la 50e édition du Salon de l’Agriculture, qui se terminera le 3 mars. 3 500 animaux venus de toute la France sont arrivés dès vendredi pour prendre possession des lieux, avant l’ouverture au public. Pour cette édition historique, un millier d’exposants originaires de 22 pays sont attendus. Les organisateurs espèrent 700 000 visiteurs, soit un peu plus que l'année dernière.
Mais si le Salon attire toujours plus de monde, il n’en est pas de même pour les métiers de l’Agriculture. Il manquerait en France pas moins de 12 000 hommes et femmes pour cultiver, élever les animaux, commercialiser les produits de la ferme et conseiller sur les nouveaux modes de production.
« Gagner un Smic en faisant beaucoup d'heures, c'est moins attirant »
« Il semblerait qu'il y ait une grande baisse des vocations, reconnaît Pierre Loiseau, chargé de mission emploi-insertion à la Mutualité Sociale Agricole. Les jeunes hésitent beaucoup dans le choix de leur futur métier. Mais ils visent surtout une situation socio-économique, avec un salaire pour pouvoir consommer, dépenser, se faire une place. Gagner un smic en faisant beaucoup d'heures d’un travail pénible, c'est sûr que c'est moins attirant ».
« Il faut recourir à une main d’œuvre étrangère »
RMC s’est rendue sur l’exploitation maraîchère bio de Jean-Pierre Bourven, près de Cergy-Pontoise, dans le Val-de-Marne. Il a 3 salariés et peine à embaucher : « Des travailleurs manuels, compétents, efficaces, qui ont le permis de conduire, qui parlent le français et qui acceptent de faire un travail qui est dur, c'est très rare. Quelqu'un qui a le permis préfèrera faire chauffeur-livreur, il aura moins de pénibilité et gagnera certainement plus ». L'année dernière, personne n'a voulu du poste en CDI qu'il proposait. Il a fini par embaucher un jeune venu de Roumanie. « Qu'on le veuille ou non, il faut recourir à une main d'œuvre qui vient de l’étranger et qui a l'habitude, dans son pays, de travailler dur et pour un salaire moindre », déplore-t-il.
« 7 000 offres qui demandent à être pourvues »
Les lycées agricoles forment chaque année 200 000 jeunes professionnels. Mais c’est insuffisant pour combler les manques. « Les métiers en tension sont surtout les métiers du maraîchage, de l'élevage et la viticulture, explique Jocelyne Marmande, présidente de l'ANEFA, la bourse de l'emploi agricole qui aide les exploitations à recruter. On a besoin de seconds d'exploitation, d'agents d’élevage, de tractoristes dans la viticulture. On a actuellement sur notre site 7 000 offres qui demandent à être pourvues. Il faut arriver à faire comprendre que l'agriculture c'est un vrai vivier d'emplois ». Et puisque le Salon de l’Agriculture est une vitrine, un bataillon de 60 agriculteurs vont se relayer toute la semaine pour convaincre les visiteurs de la beauté du métier.