Mauvais traitements en élevage porcin: deux ouvriers et une entreprise condamnés à Troyes

Elevage de porcs (illustration) - BERTRAND GUAY / AFP
Le tribunal de Troyes a condamné, mardi 12 novembre, deux ouvriers d’un élevage porcin de l’Aube à une amende de 500 euros chacun pour “mauvais traitements”. Promontval, la société qui les emploie et qui peut s'occuper jusqu’à 23.000 cochons sur ses sites, a été condamnée à 40.000 euros d’amende dont 20.000 euros avec sursis. L'un de ses gérants a été condamné à 9.000 euros d'amende et le second à 6.000 euros d'amende, dont 3.000 avec sursis. Le responsable de l'élevage a pour sa part été relaxé.
Ils étaient tous poursuivis pour "mauvais traitements envers un animal sous sa garde par l'exploitant d'un établissement détenant des animaux" dans une affaire révélée par L214. L’association avait diffusé des vidéos montrant les deux ouvriers en train de porter une série de coups secs sur le dos d’une truie à l’aide d’un instrument en plastique, et l’autre de claquer la tête de deux porcelets contre le sol pour les tuer. Ils avaient également été filmés pratiquant des interventions souvent observées en élevage: section de la queue, épointage des dents.
Le résultat d’une “violence structurelle tolérée” selon L214
Lors de ses réquisitions, le procureur avait dénoncé de "la pure maltraitance". Il avait requis cinq mois de prison avec sursis contre les deux ouvriers, initialement poursuivis pour "sévices graves ou actes de cruauté envers un animal domestique, apprivoisé ou captif". Les deux ouvriers écopent seulement d’une amende. "C'est une décision qui est juste. Ce ne sont pas des actes de torture, mais des violences qui sont répréhensibles", a réagi l'avocat d'un des ouvriers, Me David Scribe.
"Quand vous êtes un salarié et qu'on vous demande de faire tant de cochons à la sortie et que vous devez faire tant de travail par jour, il faut le faire et malheureusement, parfois, en étant un peu plus rapide et un peu moins précautionneux qu'on ne devrait l'être", a-t-il ajouté.
De son côté, l'association L214 s'est "réjouie" dans un communiqué de cette condamnation. La maltraitance dans les élevages "résulte d'une violence structurelle tolérée tant par les dirigeants que par les services vétérinaires. Par cette décision, le tribunal montre qu'il a pleinement saisi la nature structurelle de ces violences", a affirmé Brigitte Gothière, cofondatrice de L214, dans ce communiqué.