Coronavirus: "40 à 50 % des patients meurent" en réanimation, selon le Dr Karine Lacombe

Invitée de Jean-Jacques Bourdin ce lundi matin sur BFMTV et RMC, Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine de Paris, est revenue sur la manière dont les patients atteints du Covid-19 étaient soignés en France, et s'est attardée sur le passage en réanimation.
40 à 50% des patients meurent en réanimation
Selon sa description, il existe en réalité deux types de patients dans les hôpitaux français.
"Il y a des patients qui n'ont pas besoin de passer en réanimation car ils n'ont pas de besoins en oxygène qui sont importants, ça ce sont de bons pronostics et on essaie de les traiter en salle. Ils suivent les traitements par l'intermédiaire des protocoles et beaucoup, heureusement, guérissent au bout de quelques jours d'hospitalisation, je dirais une dizaine de jours", explique-t-elle dans un premier temps.
Puis, malheureusement, vient l'épineux cas des patients dont la santé se détériore au fil de l'hospitalisation.
"Certains patients, malheureusement, se dégradent dans les salles de médecine et doivent passer en réanimation. C'est jamais un bon pronostic de passer en réanimation parce qu'on sait qu'à peu près 40 à 50% de ces personnes vont décéder. Notre objectif, c'est d'éviter le passage en réanimation", explique-t-elle encore.
Face au manque de places en réanimation et en fonction des chances de guérison des patients, doit alors s'effectuer une sélection parmi les malades.
"Il y a certaines personnes qui sont en salle de médecine, qui sont très âgées, qui ont beaucoup de maladies associées comme des cancers, des troubles cardio-vasculaires, et on sait que les faire passer en réanimation ne va pas changer grand-chose au pronostic. On fait le maximum en salle et parfois, on les accompagne du mieux possible s'ils devaient décéder, avec des personnes formées à ça. Ce sont des moments très douloureux", complète Karine Lacombe.
Facteurs de risque
En outre, la cheffe de service qui assure avoir reçu de nombreuses lettres d'insultes depuis le début de la crise sanitaire, a également réalisé un portrait-robot plus précis des personnes admises en réanimation.
"La moyenne d'âge en réanimation n'est pas si élevée, c'est 60 ans en moyenne. Ceux du grand âge, plus de 80 voire 90 ans, n'y vont pas car on sait que chez elles la ventilation et l'intubation peuvent être beaucoup plus délétères qu'un accompagnement bien encadré en salle de médecine", décrit-elle d'abord.
"Les personnes qui y vont sont les plus graves et pas les plus âgées. Elles ont des facteurs de risque particulier, surpoids et obésité, mais aussi cardiovasculaire, l'hypertension, le diabète, les maladies respiratoires chroniques évoluées ou non stabilisées aggravant le pronostic en salle de médecine", conclut Karine Lacombe.