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"Rien n'a été fait": après la mort d'Inès à Poitiers, tuée à coups de couteau, sa famille dénonce l'inaction de la police

La police municipale sur les lieux de la mort d'un homme à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, le 19 juin 2024

La police municipale sur les lieux de la mort d'un homme à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, le 19 juin 2024 - JULIEN DE ROSA © 2019 AFP

Les proches d'Inès, tuée de plusieurs coups couteau ce lundi à Poitiers, pointent le manque de considération des autorités à son égard. Son ex-compagnon, principal suspect activement recherché, avait fait l'obet de plusieurs plaintes.

Ce lundi 8 septembre, Inès, 25 ans, était tuée de plusieurs coups de couteau par son ancien compagnon à Poitiers. L'homme, un réfugié politique originaire d'Afghanistan, devenu le principal suspect, est toujours recherché.

Il avait fait l'objet de plusieurs plaintes déposées par la jeune femme, dont la famille a détaillé ses craintes face à cet homme violent dans les colonnes du Figaro.

Une relation sous emprise

Les proches d'Inès ont raconté la naissance de sa relation avec le principal suspect. Tous deux se sont rencontrés dans une association d'aide aux migrants dont elle faisait partie.

Leur relation a duré deux ans jusqu'à la rupture en avril dernier. Une décision de la jeune femme qui n'a pas plu à son ex-compagnon, celui-ci décidant de la harceler, de la suivre dans la rue et jusqu'à son domicile.

C'est d'ailleurs aux abords de sa demeure qu'Inès a été tuée. Elle n'y vivait plus depuis un mois et avait trouvé refuge chez sa mère. Le suspect se serait introduit chez elle par une fenêtre et l'aurait surprise, alors qu'elle consultait sa boîte aux lettres. "La police pense qu'il a squatté la maison jusqu'à ce qu'elle rentre", raconte sa mère, Angélique, auprès de nos confrères.

Elle estime d'ailleurs que sa fille était victime de violences sexuelles, physiques et verbales de la part de cet homme qui exerçait sur elle une emprise.

Un homme "dangereux"

Le couple formé par Inès avec cet homme n'était pas vu d'un bon oeil par ses proches. "Je ne l'ai pas aimé quand je l'ai vu", glisse sa mère. Malgré les mises en garde de son entourage, Inès est restée deux années avec lui. "Je pense qu'elle était dans le déni, elle pensait qu'elle allait le faire changer", ajoute Angélique.

Son frère, Yacine, évoque un homme qui délivrait un discours "extrême" sur sa religion, affirmant que "les talibans étaient des héros qui avaient sauvé son pays" et précisant "qu'il était dangereux".

Selon le parquet, cité par l'AFP, la jeune femme avait déposé plainte le 10 juillet pour harcèlement par conjoint ou concubin, violences volontaires par conjoint ou concubin et infraction sexuelle". La victime avait effectué quatre autres "compléments de plainte auprès des services de police" cet été, "les 17 juillet, 13 août, 19 août et 28 août", a précisé la procureure de la République de Poitiers. Depuis le 23 juillet, la jeune femme bénéficiait par ailleurs d'un téléphone grave danger, permettant de solliciter les forces de l'ordre en cas d'urgence.

Une plainte déposée contre l'Etat

Le dispositif lui a servi quelques jours avant sa mort, alors qu'elle s'était réfugiée dans un magasin en découvrant que son ex-compagnon la suivait. La police est intervenue, mais l'homme a retrouvé la jeune femme une trentaine de minutes plus tard.

Pour les proches d'Inès, sa mort n'est pas seulement du fait des agissements de l'homme qui a partagé sa vie. "Elle a porté plainte à plusieurs reprises et rien n'a été fait. Pour moi, il y a deux coupables: la police et l'individu", affirme Yacine.

Angélique évoque quant à elle les agents qu'elle a rencontrés à plusieurs reprises en accompagnant sa fille au commissariat, assurant que "aucun n'était empathique, ni à l'écoute, ni compréhensifs". La famille a porté plainte contre l'Etat.

Mélanie Hennebique avec AFP