Macron, polémiques et prises de position: Tibo InShape, l'influenceur muscu qui n'a pas peur de la politique

Un rendez-vous inédit. Ce mardi 13 mai à partir de 20h10 sur TF1, Emmanuel Macron répondra aux questions du journaliste Gilles Bouleau, mais également à celles de plusieurs personnalités de la société civile, dans le cadre de l'émission spéciale "Les défis de la France".
Dans la soirée, le président abordera des thématiques centrales, comme les enjeux sociaux, la jeunesse, la sécurité, ou encore le sport. Et qui d'autre que Tibo InShape, premier influenceur de France, pour le questionner sur ce dernier thème?
Car, si le créateur de contenus fitness, suivi par 26,7 millions d'abonnés sur Youtube, s'est fait connaître grâce à ses vidéos de musculation motivantes, le jeune homme de 33 ans n'a pas longtemps hésité à multiplier les incursions dans la sphère politique.
Le plus politique des youtubeurs?
Dès 2018, soit 5 ans seulement après le lancement de sa chaîne, le vidéaste commence à inviter des politiques sur Youtube. Il visite ainsi l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire (ENAP) en compagnie de Nicole Belloubet, alors ministre de la Justice.
Un an plus tard, il fait la promotion du service national universel (SNU) accompagné par Gabriel Attal, alors secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la jeunesse. On peut ainsi voir le politique se glisser dans un pneu suspendu par une corde à un arbre que Tibo InShape tire à bout de bras. Des opérations de communication rémunérées jusqu’à 30.000 euros pour certaines campagnes.
C'est simple. Si la grande majorité des créateurs de contenus rechignent à prendre position politiquement, à l'exception de quelques rares occasions comme les législatives, le recours au 49.3 en 2023 ou la Palestine, Tibo InShape, lui, fait tout le contraire.
Depuis quelque temps, ses prises de position se font de plus en plus nombreuses, notamment sur X, ex-Twitter. Lui-même le dit dans une vidéo: "beaucoup de youtubeurs auraient évité mille fois d'en parler (de ses prises de position, Ndlr)".
Le hic, c'est que ces prises de parole sont loin de faire l'unanimité. Le Tarnais est régulièrement accusé d'incarner le cliché du "conservateur patriote traditionaliste" de droite, selon ses propres mots. Par le passé, le premier youtubeur de France avait d'ailleurs fait savoir qu’il se considérait de "droite" et qu’il accepterait d’être ministre des Sports si on lui proposait.
Rumeurs, silence et polémiques
Plusieurs internautes lui reprochent ainsi ses valeurs traditionnelles ou encore son amour (trop?) prononcé pour la France et les nombreux drapeaux français affichés dans sa salle de sport. Certains ont même découvert que le youtubeur collectionnait "savoir le savoir" un badge du drapeau français marqué du logo The Punisher, symbole de l’extrême droite aux Etats-Unis.
Quelques vidéos avec le GIGN, l’Armée de terre ou encore le Raid ont aussi fait grincer des dents. Ses collaborations avec certaines personnalités politiques de droite, comme Jean Lassalle, ont produit le même effet. Plus jeune, il a également été au cœur de nombreuses polémiques, notamment autour de certains messages racistes exhumés de son compte Facebook privé.
"Plus je suis suivi, plus il y a de la récupération sur mon image, mais je n’appartiens à aucun parti. J’aimerais que les gens arrêtent de me prêter un vote ou des idées que je n’ai pas", déplore-t-il pourtant auprès de Libération.
Il faut dire que pendant longtemps, Tibo InShape a laissé courir les rumeurs d'une potentielle appartenance à l'extrême droite, ce qui n'a rien arrangé à la situation. Il avait également refusé d'appeler à faire barrage à l'extrême droite sur ses plateformes, comme l'ont fait ses pairs Lena Situations ou Squeezie.
Se défaire de son image conservatrice
Depuis, le premier youtubeur de France a revu ses positions. Il tente surtout de se défaire de son image conservatrice qui lui colle à la peau. Régulièrement questionné sur son rapport à la politique, Tibo InShape a récemment annoncé avoir voté pour le camp macroniste aux dernières élections législatives.
"Je n'ai jamais rien dit car j'estime que je n'ai pas à influencer le vote de qui que ce soit. Ce n'est pas mon rôle. C'est le devoir de chacun et chacune de s'informer, de prendre ses responsabilités et de se forger sa propre opinion", avait-il ajouté pour justifier son long silence.
Lors d'un entretien avec le JDD en décembre dernier, le youtubeur a également estimé que le RN défendait "certaines valeurs" proches des siennes, "mais pas toutes". "Certaines m’associent déjà à l’extrême droite, simplement parce que j’affiche un drapeau français dans ma salle de sport. C’est absurde", reproche-t-il.
Questionné sur son positionnement politique par Libération, le youtubeur "estime être un peu plus de droite, mais ce n’est pas pour autant qu’à gauche, il n’y a pas de bonnes idées, ou qu’à droite, ce sont les meilleurs". "Il y a du bon à prendre partout", résume-t-il. Bref, le flou demeure.
Un conseiller politique
Pour éviter de nouvelles controverses, Tibo InShape a recruté un conseiller spécialisé dans la communication de crise, selon le site Politico. Cet agent a pour mission de l'aider à prendre la parole, notamment sur les sujets politiques "qui le passionnent". Il est également aidé de Juju Fitcats, sa fiancée. La youtubeuse se dit féministe, et défend souvent les causes des minorités.
"Maintenant je lui demande son avis avant de m’exprimer, parce que je sais qu’elle a souffert de l’image que je me traîne", rappelle Tibo InShape dans Libération.
Il a ainsi mis en ligne en janvier dernier une vidéo, sobrement intitulée "Parlons politique". Dans ce qui ressemble à un mea culpa, il y aborde des thématiques centrales comme l'immigration, la sécurité ou les drogues. Pêle-mêle, il explique ainsi être en faveur du mariage pour tous, essayer de "comprendre" les transitions de genre et défend le "droit des femmes à avorter gratuitement". Il précise enfin être en faveur d'une immigration "régulée" et assure croire en la méritocratie.
En dehors de cette mise au point, le youtubeur fitness préfère désormais miser sur des prises de position politiques autour du sport, qui reste son domaine de prédilection. Il s'est ainsi opposé à la réduction du budget du ministère des Sports et s'est indigné des propos homophobes et antisémites d'un combattant de MMA.
Attirer l'oeil des politiques
Plus récemment, le youtubeur s'est montré favorable au port du voile dans le sport. "Pour moi, le sport doit rester un moment de liberté qui nous rassemble. Chacun doit pouvoir pratiquer une activité sportive avec la tenue de son choix: croix, kippa ou voile", précise-t-il sur X. Un message vu plus de 3 millions de fois. Autant de sujets brûlants qu'il pourrait donc aborder ce soir avec le président de la République.
Un positionnement qui n'échappe pas à l'oeil des politiques, soucieux de parfaire leur communication auprès des jeunes. "Tous les partis constatent qu’il se met à parler politique", analyse auprès de Politico Pierre-Louis Tanzer, le responsable de la communication numérique du parti Renaissance, qui dit bien le connaître et le décrit comme un "citoyen engagé".
Ainsi, Jordan Bardella n'avait pas manqué de citer subtilement le sportif lors de son opposition avec Squeezie, qui avait appelé à voter contre le RN. De son côté Gabriel Attal avait félicité le youtubeur pour sa place de numéro un sur Youtube. "Comme il dit, c’est énorme et sec", avait-t-il lancé, en référence au célèbre mantra du youtubeur. En retour, le Tarnais l'avait invité à une séance de sport sur sa chaîne Youtube.
Car un de ses collaborateurs l'assurent à Politico: la star des réseaux ne "s'interdit pas d’un jour faire des vidéos où il invite des élus".