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Société

Vincent Lambert : une "ingérence dans une décision médicale"

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Les médecins du CHU de Reims avaient décidé de le laisser mourir, mais la justice a fait un autre choix pour Vincent Lambert.

Vincent Lambert, condamné à vivre. Son épouse et ses médecins devraient saisir le Conseil d'Etat, après la décision de la justice de le maintenir en vie.

Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne s'est prononcé hier contre l'euthanasie passive de ce tétraplégique de 38 ans, en conscience minimale depuis 5 ans et un accident de moto.

"La justice a fait son travail", a réagi Viviane Lambert, la mère de Vincent. "La vie de notre fils était vraiment plus qu'en danger", explique-t-elle, même si elle concède : "bien sûr, on est lucides, Vincent maintenant pour nous c'est un handicapé. Mais vous savez on avait toujours cette petite flamme d'espérance, ils nous l'avaient éteinte".

"Un homme emprisonné dans son corps"

Les médecins du CHU de Reims avaient décidé de cesser de l'alimenter et de l'hydrater pour le laisser mourir, en accord avec sa femme et une partie de sa famille.

Mais ses parents ont saisi la justice qui a jugé que "la poursuite du traitement n'était ni inutile, ni disproportionnée, n'avait pas pour objectif le seul maintien artificiel de la vie, et a donc suspendu la décision d'interrompre le traitement".

Sur RMC ce vendredi, l'un des médecins de Vincent Lambert, Eric Kariger, a rappelé que son patient était atteint "d'une maladie incurable totalement stabilisée, confirmée" et "en incapacité d'exprimer ses volontés". "Devant la souffrance exprimée par ce malade, par cette famille, mais surtout en allant rechercher les volontés de son histoire", les médecins se sont demandé s'ils n'étaient pas en train "d'aller trop loin dans le maintien des soins chez ce patient, explique-t-il. Eric Kariger a rappelé que sept médecins et le comité d'éthique de l'hôpital étaient arrivés à une conclusion quasi-unanime : "il apparaît déraisonnable de poursuivre ces soins".

Le médecin a parlé d'"un homme emprisonné dans son corps contre ses volontés", comme le prouvent des témoignages écrits et "fiables". Selon lui, la décision des médecins n'avait pas "été prise à la légère" et "cette décision de justice est lourde parce qu'elle vient faire ingérence dans une décision qui est médicale".

"J'ai le sentiment qu'aujourd'hui, on est un peu otages", a encore estimé Eric Kariger. "Le corps médical est otage d'une histoire familiale d'une grande complexité et le tribunal administratif a été un peu otage de la médiatisation", a-t-il développé.

La Rédaction avec C. Andrieux