Une mairie dénonce une "tromperie" du rappeur d'extrême-droite Millésime K pour organiser un concert

Millésime K. - Capture d'écran YouTube
Comme d'autres avant lui, Bertrand Gautier dénonce une "tromperie sur la marchandise". Le maire de Fargues-Saint-Hilaire, en Gironde, a réagi dimanche auprès du journal Sud Ouest à la venue du rappeur Millésime K dans sa commune ce week-end.
Le chanteur avait annoncé sur son site un concert à Bordeaux le 22 avril, entraînant de vives réactions. L'adjoint au maire de Bordeaux Olivier Escots avait par exemple dénoncé sur Facebook la venue d'un "rappeur propageant les idées de haine, racistes, sexistes, homophobes". Plusieurs de ses concerts ont été annulés après des mobilisations pour ce motif à Dijon, Clermont-Ferrand et Grenoble ces dernières semaines.
Parmi les revendications portées par Millésime K dans ses textes, se trouvent "reconquête intellectuelle" à l'école, "un mur à la frontière" ou encore la lutte contre le "racisme anti-blanc", thématiques prisées par l'extrême-droite.
Un salut nazi lors du concert
C'est finalement à Fargues-Saint-Hilaire et non à Bordeaux que le rappeur s'est produit samedi. Le maire de la commune a expliqué à Sud Ouest avoir passé une tête "pour voir s’il n’y avait pas de débordements". N'en ayant pas constaté, il a "préféré ne pas intervenir et laisser le concert se dérouler".
"Je ne tenais pas à ce que ces personnes prennent le prétexte d’une intervention pour monter cela en épingle et se faire de la publicité, un effet qu’ils recherchent probablement. Il y avait à peine une quarantaine de personnes, au maximum une cinquantaine. Autant les laisser entre eux et attendre que ça se passe", a-t-il ajouté.
Sur place, un journaliste de Mediapart a toutefois constaté qu'un homme avait fait un salut nazi pendant le concert. "Une personne a potentiellement fait un salut nazi", a reconnu Millésime K sur son compte Instagram dimanche.
"Je condamne très fermement ce genre de geste", a-t-il affirmé, qualifiant l'action d'"inadmissible". Il a expliqué ne pas avoir vu le geste en raison des projecteurs qui lui éblouissaient les yeux.
La mairie "dupée"
Comme d'autres personnes qui ont eu affaire à Millésime K, le maire de Fargues-Saint-Hilaire s'est senti piégé.
"J’ai l’impression qu’il y a eu tromperie sur la marchandise. Nos services ont été dupés au moment de la location de la salle des fêtes", a estimé Bertrand Gautier auprès de Sud Ouest.
Il a expliqué au journal local que la convention signée évoquait "une soirée dansante" et admet que les vérifications auraient pu être plus poussées. Le gérant de la salle de Montpellier où s'est produit Millésime K le 18 mars a livré un témoignage similaire à France 3 Occitanie. "Il a réservé pour la soirée à partir de 18h30, en parlant d'un concert d'une petite heure, avec un public varié dont des personnes âgées", a raconté le gérant.
"En voyant le nom de son entreprise, je n'avais aucune raison de m'inquiéter. C'est plutôt bien fait de leur part, on ne se doute de rien", a-t-il développé, déclarant ne s'être rendu compte que le soir même de qui avait vraiment loué sa salle.
Début mars, une des responsables du centre proche de Grenoble qui devait accueillir un concert du rappeur finalement annulé, avait aussi déclaré à l'AFP avoir été trompée par la démarche “complètement malhonnête” du rappeur, qui se serait présenté “comme étant une société d’événementiel d’entreprise”.